Le tavernier bouillonna intérieurement, il était à deux doigts d'attraper son marteau et de dégager ce magicien. Mais le client avait prévu de le payer et il aurait été mal avisé de sa part de refuser un client. Surtout que le mystérieux voyageur n'avait fait que rebondir sur la pique du Fustec.
La journée avait été longue, et la fatigue l'avait quelque peu emporté. Il devait se ressaisir et simplement reprendre tranquillement la collecte d'informations. Si son client avait des informations à récupérer d'un objet magique, Guéguen pourrait revendre ça très facilement à n'importe qui. Même si c'était l'étranger qui était en quête d'informations, il pourrait toujours apprendre quelques petites choses au tavernier. Des détails supplémentaires sur l'affaire ou de nouvelles informations. Cette collecte d'informations rapportait bien plus qu'on ne pouvait le croire et c'était presque sans danger, même quand les ennuis se profilaient à l'horizon pour une récolte brutale.
Pour en revenir à toute cette histoire de secrets, le visiteur surprit le tavernier en lui montrant un parchemin obtenu de l'Institut concernant un artéfact magique de Wystéria : le
Draupnir. En effet, cette merveilleuse petite chose permettait de se cloner, mais ça le mystérieux demandeur d'informations le savait déjà. Son emplacement, en revanche, lui était inconnu. Déclaré perdu depuis plusieurs mois, certains avaient tenté de le chercher en vain. Est-ce que Guéguen avait plus de détails à ce sujet ? Il avait quelque chose, oui.
Le tavernier hocha la tête et retourna à son comptoir sans dire un mot. Il était déterminé et savait exactement ce qu'il allait apporter au mystérieux aventurier.
Il revint avec une fine bouteille, élégante et gravée d'inscriptions inconnues des Dùralassiens. Sur le devant, une étiquette entourée d'un cadre de symboles d'une autre contrée et un nom :
#Draupnir !
- Voici Draupnir, le tavernier avait un air des plus sérieux sur son visage et prenait les choses très à cœur. Nul doute que ce breuvage avait une place importante dans sa collection.
C'est une boisson forte nordienne pas très répandue. Un verre de cet alcool coute 80 pièces d'or. C'est la seule chose que je connais de "Draupnir". Si vous voulez essayer, dites-moi.Guéguen avait apporté un verre long mais étroit. Sa contenance était identique à n'importe quel verre de digestif, mais la forme du récipient rendait les choses plus agréables et marrantes.
Le tavernier ne sortait que très rarement cette bouteille. Elle n'était pas sur la carte, mais quiconque la lui demandant en aurait eu un verre, sans le moindre problème.
Cette boisson a un goût particulier ; derrière son fort caractère qui enflamme la bouche d'un nuage glacial (typique des alcools nordiens), il y a un double goût raffiné de groseilles. En fait, en bouche, ce goût fruité se situe à la fois au fond de la joue gauche et au fond de la joue droite, sans jamais se mélanger malgré les potentiels gargarismes. En fait, les deux goûts sont totalement identiques mais à l'extrémité l'un de l'autre. Et lorsqu'on avale enfin le breuvage, ce qui arrive vite avec la brûlure glacée, les deux goûts descendent tout le long de la gorge, chacun de son côté, sans jamais se mélanger. C'est l'alchimie de l'alcool nordien !
Cette bouteille faisait partie des reliques nordiennes du vieil aventurier dont il obtient un réapprovisionnement rare.