Je n’avais encore jamais vu auparavant un arbre aussi imposant que celui-ci. Entièrement dépourvu de feuillage, seuls quelques bourgeons avaient réussis à se frayer un chemin jusqu’au bouture. Le tronc de l’arbre était aussi grand qu’une maisonnette de campagne et aussi grand que les arbres millénaire que l’on pouvait rencontrer en Sylfaën, dans ceux là même où les Elfes s’étaient sculptés leur habitation. Le branchage ayant poussé dans un chaos pittoresque, ébouriffant le grand Chêne Doo de manière explosive. Son cœur était aussi généreux que son tronc et sa pureté aussi grande que la forêt dont il avait la charge. De part sa taille, le grand chêne Doo pouvait servir de point de repère dans cette immensité de feuillage, il surplombait même toute les forêts environnantes. D’ailleurs, il pouvait apercevoir le courageux Cerisier Yul, chevauchant sa petite montagne au soleil levant. A tous, je m’étais présenté et tous m’ont remercié pour mon travail exemplaire, mais comme ils me l’ont tous répété, saurai-je protéger toutes forêts sans jamais broncher, quitte à abandonner mes voyages ? Moi-même je ne le savais pas … Mais je ferai de mon mieux chaque jour, partout où je passerai !

Tout au fond de ce bosquet de chêne, dans les recoins les plus sombres de ces bois immenses, au bout de ce sentier que je suivais déjà depuis un bon moment, se trouvait une grande porte dont les motifs sur la façade paraissaient encore plus anciens que ceux rencontrés plus tôt dans la forêt. La porte se trouvait dans un renfoncement dans la colline, recouverte d’une épaisse mousse verte. Les racines s’étaient emparer du sol et la lumière ne traversait plus les feuillages de chêne qui entourait l’endroit. N’importe qui aurait pu passer ici sans jamais trouver cette entrée dissimulé dans la nature. A contrario du sentier de sapin que j’avais traversé un peu plus tôt, je me sentais beaucoup plus à l’aise ici, malgré le manque de luminosité. Le chant des verdiers se mêlait les uns aux autres pour ne former qu’un grand chant à l’unisson. Reconnaissant cette couleur écarlate tacheté de graines verte, je me penchais devant l’entrée et cueillais une fraise parmi ses semblables, les pousses entouraient le monticule de mousses ressemblant étrangement à un escalier de pierre de deux marches, certainement recouverte comme tout le reste par le temps.

Chat – Meow.

Alors que je m’apprêtais à pousser la porte pour y entrer, un miaulement me fit sursauter brusquement. Un chat se trouvait juste au-dessus de la porte, sur le mousse qui englobait la toiture de la maison creusé à même la terre. Sa couleur ne me disait rien de bons et son calme semblait me faire comprendre qu’il n’attendait que le destin s’occupe de moi devant lui. Ce dernier bondit sur mon épaules comme si de rien n’était et atterrit sur le sol nonchalamment.

Lonann Alhazred – Tu veux me suivre ?

La petite bête à poil me regarda un instant avant de se rapprocher de la porte. Je prenais ça pour un oui. Pour le coup, Loup était resté dormir au campement et je pense que sa présence n’aurait pas fait bon ménage avec celui du félin devant moi. S’en s’aurait suivis une ridicule escarmouche entre deux opposants à poils. Passons ce genre de détail. D’une main prudente, je poussai la porte d’entrée de ce mystérieux endroit, laissant le vent s’engouffrer à l’intérieur tout en emportant les feuilles mortes à l’entrée. Une vaste pièce surmontée en son centre par quelques marches menant à une grande table rectangulaire recouverte de poussière et de terre. Le plafond, bien qu’aménagé et renforcé avec du bois de chêne, laissait tout de même entrevoir quelques parois terreuse dont quelques racines s’extirpait avec fougue.

Il y avait également une quantité de meubles faramineux tout autour du promontoire de pierre, la plupart recouvert de bouquins et de livres dont les pages avaient littéralement jaunit avec le temps. La poussière accumulée ici donnait l’impression qu’une large nappe blanche s’était déposée sur ce décor d’intérieur laissé à l’abandon, comme si une page avait été tournée. Avec les silex que j’emportais toujours avec moi, j’allumais une des mèches de bougies qui s’offrait à moi tout au tour du promontoire, laissant briller les multiples toiles d’araignée s’étant logées ici et là. Avec la lumière, la table situé au centre de la pièce, sur le promontoire, me laissait penser qu’il ne s’agissait pas d’une simple table à manger ordinaire, mais plutôt à une table utilisée par certains druides de l’époque pour des séances de spiritisme ou de purification, d’ailleurs une petite coupole, servant à recevoir leur mixture travaillée à base de plante, se trouvait juste à côté de celle-ci. Je laissais voyager ma main sur la table froide, refoulant toute l poussière qui s’était accumulé dessus. Je laissais mes empruntes dans cet univers onirique.

Je continuais à explorer le passé de maison, passant de meubles en meubles, imaginant ce que pouvais ce faire dans ce lieu. Je me rapprochais d’une des commodes, celle-ci possédant plusieurs bougies que j’allumais une à une. Un bouquin, dont les motifs ressemblaient fortement à ceux rencontrés auparavant, se trouvait au milieu de toutes ces bougies, un marque-page semblait y être coincé. Je m’apprêtais à ouvrir ce dernier, mais le chat qui m’avait suivi à l’intérieur était à nouveau sortis de nulle part et me mordit la main sans crier gare, hérissant sa queue devant un mal invisible. Qu’avais-je bien pu faire pour m’attirer son courroux ?

Lonann Alhazred – Laisse moi tranquille tu veux ? Je ne fais rien de mal, si ?

Ignorant la mise en garde du chat noir, j’ouvris le bouquin à la page indiqué par le marque-page. Les pages étaient jaunes et l’ancre, malgré la protection de la couverture, essayait par endroit de s’échapper de cette prison de papier. Toujours ces mêmes motifs encadrant le texte, un titre cependant restait plus ou moins lisible et dont la traduction semblait évidente, le titre en gras représentait « Les traditions », mais la suite du titre restait incomplète, d’ailleurs les pages qui suivaient celles présentées par le marque-page étaient toutes blanches … enfin jaune … l’auteur de ce récit n’avait probablement pas eu le temps de terminer son œuvre et avait laissé la poussière se charger d’archiver ce livre.

Alors que je m’enfonçais toujours plus dans la maison, un bruit retint mon attention. La tension était redevenue palpable et une sensation désagréable se propageait à travers mon corps. Je m’étais aventuré un peu trop loin où je venais de réveiller les esprits qui sommeillaient jusqu’à lors ici, mais une chose est sûr, quelques chose se déplaçait dans la maison. Cela semblait se trouver juste en-dessous, il devait donc y avoir une trappe quelques parts. Avais-je réellement envi de l’ouvrir ? Qui sait ce qui pouvait bien se trouver à l’intérieur ? Peut-être la raison pour laquelle cet endroit était aujourd’hui désert ? Ce que je percevais était un mélange de chagrin et de colère, similaire à ce que j’avais ressenti lorsque j’avais aperçu la silhouette sombre dans la forêt de sapin. Un nouveau bruit retenti, plus fort et plus près encore. La proximité du choc m’avait fait perdre l’équilibre et je m’étais retrouvé fesse  terre au milieu de la pièce. Mais qu’est ce qui pouvait bien faire tout ce vacarme ? De nombreux bruit de pas retentissaient sous mes pieds, comme des fourmis qui grouillaient au sous-sol, sauf qu’ici, ce n’était pas des fourmis, mais quelques choses de bien plus gros, au moins aussi gros qu’un humain. Les bruit de pas affluèrent dans un coin de la pièce ou se trouvait à mon étage un piano et deux grandes armoires remplit de livre. Un grand tapis en peau d’ours recouvrait le sol, mais quelques choses semblaient bouger en-dessous. En tirant un coup sec, je laissais découvrir la fameuse trappe dont je parlais un peu plus tôt. Le cadenas était protégé par un sceau relativement ancien garni de glyphe qui m’était totalement inconnu. Alors que je m’étais penché pour identifier les symboles présent sur le sceau, la trappe trembla brusquement et un long grognement se fit entendre juste de l’autre côté de la planche en chêne.

Lonann Alhazred – Par Tungstène, mais que diable vie ici ?

… - Le diable très certainement …

Après un gloussement craintif, je pris mes jambes à mon cou et ressorti de cette maison, prenant soin de refermer la porte d’entrée. Il était temps de rentrer, au moins cette balade m’aura permis de ramasser pas mal de fagots ! Avec en prime un sacré mystère laissé en suspens !

Le sentier, que je continuais de suivre éperdument, commençait à s’élever, s’installant sur le dos d’une colline. Mais comme pour isoler un jardin de la nature, un petit bois de chêne avait colonisé cette colline et s’en était approprié les limites, laissant l’extrémité de leur racine ressortir et barrer le chemin à tout imprudent qui oserait s’approcher. Mais curieux comme je l’étais, je m’étais précipité vers la chose et me rapprochait d’un vieil arbre rabougri, dont le tronc avait été déformé par la foudre il y a un certain temps. L’arbre n’avait pas été fendu, mais le tronc avait été sérieusement endommagé et en vu des prévisions météorologiques, il était évident qu’il lui sera difficile de passer plus de trois jours debout.

Lonann Alhazred – Vous êtes dans un piteux état messir ! Puis-je jeter un coup d’œil ?

Chêne blessé – Ma sève ne parcoure déjà plus mes branches les plus basses, dans peu de temps je rejoindrai le cycle éternel. Je n’en ai point peur, car c’est également ce que je suis. Je n’aurai qu’un regret, celui de ne pas avoir eu la chance de tenir jusqu’au retour du printemps et de celui des oiseaux chanteur.

Lonann Alhazred – Si vous me le permettez, je pourrai adoucir votre charge durant la traversée du cycle. Laissant moi vous emporter au son de ma mélodie, et tout vos souci disparaîtront dans l’oubli. Je vous le promets.

[size=18]L[/size]e vieux sage me laissa sortir ma Frestel et , plaçant minutieusement mes doigts sur les trous, commençais à jouer un air envoutant qui entraîna bien vite les oiseaux à chanter ensemble. Je pouvais sentir la conscience du sapin s’apaiser, ainsi que sa douleur. Et puis celle-ci s’éteignit d’un seul coup, comme si l’on avait soufflé sur l’étincelle vie qui restait encore. Le blessé s’en était allé, plus serein et préparé au voyage qui l’attendait. Quand à moi, je devais terminer mon rituel et récupérer les bois et les boutures. Un bien lourd fardeau que je portai fièrement Une fois les fagots montés et récupérés, j’entrepris de les ficeler les uns aux autres afin de pouvoir traîner le magot avec une seule corde. Le poids n’était pas si terrible que ça et la cordes n’était pas trop ancienne.