L'archère ne s'attendait pas à ce que Tungstène soit aussi taquin, aussi lui sourit-elle en retour. Toujours était-il qu'il avait eu l'oeil sur son âge, alors même qu'il était très difficile de présumer de la vieillesse d'un elfe. Néanmoins, Ehawee était encore au stade mouvementé des deux siècles d'existence, et l'on disait que c'était à cette période-là que le visage de ses congénères commençaient à se figer dans le temps, pour toute la vie.

-C'est...c'est exact. La tisane ? Hm, oui, très..bonne, fit-elle avec une légère hésitation. Il aurait été plus honnête de dire qu'elle la trouva "spéciale" mais tout le monde savait qu'employer ce mot était traître. Cela dit, qu'attendre d'autre d'une tisane apparue par magie qu'elle soit "spéciale" ? Hm ? Oui, oui, revenons à l'objet de l'expédition, et la corruption qui nous préoccupe...

Les sourcils de l'archère se froncèrent à mesure qu'elle écoutait les dires de l'archi-mage, tandis qu'elle pressentait une certaine forme de déception grandir chez son comparse. Ils ne s'attendaient pas à un tel relativisme, surtout de celui qui disait être intrigué par cette discussion et admettait peut-être ne pas savoir quelques événements plus tôt. La question désormais était de déterminer si le Père Tungstène faisait preuve de trop de confiance envers les factions en l'état ou si les deux zéphyriens se faisaient trop de soucis pour le territoire de l'Ouest.

Ehawee plissa les lèvres, elle ne pouvait qu'imaginer la frustration d'Urua à ce moment-là. Bien sûr qu'elle n'attendait pas à ce que leur hôte efface la corruption d'un coup de baguette magique mais tout de même...Elle aussi avait été témointe de nombreux événements dans la forêt. Elle avait vu les désastres d'Umbra et sa zone sinistrée, d'où la vie mettrait peut-être des siècles ou des millénaires avant de pouvoir se régénérer complètement. Elle avait vu l'écosystème rompu à certains endroits, par des actes cupides et l'enlèvement ou le meurtre de précieuses entités pour Sylfaën. Il ne s'agissait pas d'un monstre à occire comme dans la caverne, une bête féroce, certes, mais facilement repérable, identifiable, mais bien d'une toile diffuse et insaisissable dont les fils semblaient être trop subtils pour les pupilles du demi-elfe.

Trop subtils...ou trop peu dommageables pour l'instant ? Lorsque le Père Tungstène reprit la parole, cela apaisa quelques peu les réflexions de l'elfe sylvestre. Son rôle sur l'échiquier dùralassien devenait plus clair ainsi. Père Tungstène n'avait pas tout à fait la même grâce des elfes, mais il s'exprimait avec la même sagesse. Ehawee reconnaissait le ton de ses anciens lui intimant que le monde était beaucoup plus complexe et grand que ce qu'elle pouvait entrevoir à ce moment-là, et qu'il lui fallait du temps, de la persévérance et de l'humilité pour comprendre toujours plus et tenter de se rapprocher d'une vérité plus vaste. Tout les êtres vivants sont bornés par leurs perceptions.

Ainsi l'oreille-pointue mit de l'eau dans son vin, ou, en l'occurence, dans son infusion. Malgré la réponse quelques peu acide de son confrère, et sa déception difficilement dissimulable pour elle (c'était qu'elle commençait à le cerner, ce félin), elle préféra faire confiance à la créature la plus expérimentée de cette pièce. Puis, elle se fit même qu'ils ne s'en sortaient pas si mal étant donné qu'avec un tel soutien, la promotion du paladin aurait toute ses chances d'être effective, et cela lui conférerait un pouvoir certain et une marge de manoeuvre bien plus grande qu'auparavant. Un petit sourire apparu sur son visage, tandis qu'elle baissait les yeux dans sa tasse, imaginant tout ce que la faction pourrait entreprendre à l'avenir.

-Que nous sortons victorieux ou non de cette hydre, les arbres seront témoins de nos sacrifices et de notre engagement. Ce n'était pas une phrase purement poétique, Ehawee vivait à une autre échelle temporelle que la plupart des autres peuples de Dùralas. Elle savait que rien ne pouvait changer comme ça, que tout était une lutte permanente, à corps perdu, et que peut-être même les fruits de leur combats ne pourront être cueillis que par les générations futures. C'était pourquoi de tels objectifs sur le long terme concernant Sylfaën demandaient non seulement un investissement total mais aussi certaine confiance optimiste qui n'attend pas de résultat immédiat. Voilà entre autre ce qu'elle tirait comme conclusion des dires de l'archi-mage.

-Père Tungstène, merci pour votre lumière. Votre suggestion concernant Urua sera d'une grande utilité, j'en suis convaincue. Elle marqua une courte pause, avant de se confondre en hésitations. Quant à moi, hé hé, eh bien...je vais y réfléchir...Au fond d'elle, Ehawee ne pensait tout simplement pas avoir le profil pour diriger. Mais était-ce vraiment une question de stature ? Elle se dit que ce sujet mériterait de plus amples réflexions...

Aussi, la brune pivota pour constater que le löwen semblait particulièrement intéressé par un marteau. Les armes semi-légendaires...L'archère alla a sa suite, examinant l'objet de sa trouvaille, avant d'être elle-même happée par un présentoir d'arme de tir. Devant-elle se trouvait une fronde géante, d'une taille qu'elle n'avait jamais sculptée ni même vue auparavant. Les motifs ligneux travaillés avec finesse et probablement enchantés par quelques arcanes ne pouvaient que présager de sa dangerosité.

Néanmoins, en approchant la main, l'épiderme de l'elfe frissonna par l'aura que dégageait une autre arme...Un arc énigmatique, duquel une puissance gelée et mystique émanait. Voilà ce dont Tungstène parlait plus tôt, décidément, il ne s'était pas moquée d'elle ! La forme de l'ouvrage lui disait cependant quelque chose...Et en effet, en découvrant l'arc qu'elle avait récupéré dans les entrailles du vynotyx, Ehawee constata que ce butin était...

-...Une imitation ?! Nul doute était possible. L'arc gelé de Tungstène n'avait rien à voir avec celui trouvé et ce dernier n'en était qu'un ersatz...Un léger détail attira en revanche son attention, il y avait des inscriptions sur un parchemin lui étant attaché et auquel elle n'avait pas fait attention auparavant. Ce dernier commença à entrer en résonance avec l'énergie froide de l'artefact, avant de faire apparaître comme par magie trois crânes de spinosaures. Je vous laisse imaginer la surprise en résultant, ainsi que le fracas de ces ossements imposants sur le sol de la hutte du vieil elfe ! Aucune chance de transporter de tels butins dans sa besace, n'est-ce pas ? Mais surtout pour quoi en aurait-il besoin ?

-Si je comprends bien, vous récupérez ces...crânes énormes en échange ? Père Tungstène, je sens une grande force dans cet arc. Si vous le permettez, ce serait un honneur de pouvoir en faire usage.

[Ehawee découvre le fonctionnement de la Preuve du courage ramassée sur les Vynotyxs et choisit l'arc gelé en échange des crânes de spinosaure dont elle n'aura pas besoin. De plus, Père Tungstène peut récupérer l'imitation qu'elle n'aura pas besoin non plus pour remplir son stock.]

Achats de @Urua
x1 Fragor	3 crânes de tyrannosaure
Total	3 crânes de tyrannosaure

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Achats de @Ehawee
x1 Arc de Thrym	3 crânes de spinosaure
Total	1 preuve de courage + 1 crâne de spinosaure

Des semaines que l'on marchait sous terre et enfin, on avait atteint notre destination. Cette douce odeur d'épices s'évaporant d'un bon plat qui mijotait sur le feu, j'en avais l'eau à la bouche. Après plusieurs jours à manger de la viande dur comme de la pierre, sans saveur. Un bon repas ainsi que l'air frais de la surface furent mes deux souhaits les plus chers. Je suivais cette odeur, jusqu'à une cavité dans la roche. Une petite porte en bois qui ne payait pas de mine, et effectivement une énorme marmite qui fumait au-dessus d'un feu de camp.

Mais personne en vue... Des bols étaient disposés autour de la marmite, avec des cuillères. Et une louche baignait déjà dans le ragoût.

"C'est donc ici chez Tungstène ? Ça ne paye pas de mine, je m'attendais à quelque chose de plus... Enfin c'est peut-être plus grand à l'intérieur..."

Contournant le feu en résistant à l'appel de mon ventre, je toquais doucement à la petite porte en bois. Personne ne répondit... Alors je pris un bol. À bien y réfléchir, on aurait dit qu'il attendait de la visite.

"S'il n'est pas encore arrivé, autant l'attendre en mangeant un peu... J'ai trop faim..." Je remplis le récipient avant de m'asseoir sur le banc de fortune fait avec un tronc d'arbre qui était posé à côté du feu.

Tout en mangeant, je réfléchis à ce que je pourrais lui demander... Je savais qu'il aurait des réponses à m'apporter, mais il faudrait que je choisisse mes questions avec précision...

Enfin.

Ce fut le mot que pensa Neivin, quand il aperçu enfin avec son groupe la petite cabane de l'archi-mage tungstène. De multiples émotions le parcourut alors simultanément.

Le soulagement tout d'abord, car après des semaines passé dans ces grottes, a risqué leurs vie chaque jour, enfin, ils avaient atteint leur objectif, et étaient désormais en sécurité.

L'excitation ensuite, bien entendu. Après tout, il allait pouvoir non seulement obtenir des artefacts provenant du plus puissant magicien du continent, mais il avait également comme idée de lui demander quelque cours privé. Après tout, parvenir jusqu'à cette boutique était très certainement un test pour prouver sa valeur, pour ne pas vendre ces fameux artefacts a n'importe qui... et aussi pour ne pas être déranger constamment. Alors peut-être que des cours seraient accepté comme type de récompense? Ce serait en tout cas une expérience extrêmement enrichissante pour son apprentissage, et si il ne profitait pas de cette occasion unique, il le regretterait toute sa vie.

Et enfin vint la troisième et dernière émotion, l'inquiétude. Ces fameux cranes que demandera apparemment l'archi-mage... et s'il n'avait pas les bons? Et ces cours auxquelles il fera la demande, il n'était après tout qu'un chaton d'a peine plus de vingt ans, et qui plus est, il n'avait même pas encore atteint le niveau de ces professeurs a l'institut de magie. Alors pouvait t'il donc demander un enseignement privé d'un individu aussi légendaire que tungstène? Est ce que le directeur de l'institut le lui refusera, le trouvant fort effronté?

Ce fut la gorge nouée qu'il s'approcha du simple gite, ou une odeur agréable titilla la truffe du katzmann. Un plat bien chaud mijotait dans une marmite, on dirait bien qu'ils étaient arrivé a l'heure du repas. Du moins, si l'heure a encore une signification ici sous terre.

Holy se questionna sur le fait que cette bicoque était fort humble, tout en se rapprochant peu a peu de la bâtisse. Le magicien au contraire, trouvait que cette simplicité lui sied bien, sans aller jusqu'à dire que tungstène serait un ascète. La violoniste frappa alors a la porte... pas de réponse. De toute évidence, il était soit absent, soit concentré sur une tache comme une potion ou un sortilège, qu'on ne peut se permettre d'arrêter en plein milieu. Dans tous les cas, il ne faudrait pas attendre trop longtemps, après tout, le repas semblait déjà cuit.

- S'il n'est pas encore arrivé, autant l'attendre en mangeant un peu... J'ai trop faim...

Neivin resta bouchée bée, alors que sa compagne de voyage s'installa pour manger le repas de l'archi-mage, sans aucune gêne. Il ne pouvait lui en vouloir, tout le monde était affamé et épuisé, mais... tout de même. Alors que la musicienne prit un bol, l'élémentaliste remarqua alors qu'il y en avait en fait plusieurs, et il estima qu'il y avait deux cas de figure si il prenait également une petite part. Premier cas, tungstène étant une personne assez... atypique, il mangeait ces repas avec plusieurs bols. Dans ce cas-ci, si il le voyait telle un sale gamin en train de voler son repas, il pouvait dire adieu a ces cours. Le scénario le plus probable était très certainement qu'il attendait leurs visite, mais même dans cas-ci, manger sans l'attendre serait irrespectueux, et il ne renverrait très certainement pas une bonne image.

- Il faudrait... peut-être l'attendre avant de manger... non? proposa t'il, gêné.

Les vieux réflexes ont la vie dure, et Azriel leva un sourcil dubitatif devant l'apparent délabrement de la petite cabane, perdue sur un îlot de verdure au milieu d'une zone marécageuse. Néanmoins, la réalité sait se rappeler aux bons souvenirs de tout un chacun. Et après cette expédition spéléologique dans les tréfonds de Spelunca et la chasse effrénée dans la jungle face à des lézards géants dévoreurs de chair, même un bouge comme celui qu'il avait sous les yeux ressemblait à un palais.

Le petit groupe avança rapidement, emporté par l'euphorie de rencontrer autre chose que des ennemis. Une fois devant la porte, Holy frappa doucement, mais rien ne vint de l'autre côté. En ouvrant la porte, ils purent confirmer que l'habitat était effectivement vide. Vide, et pourtant la marmite était sur le feu, et des bols avaient été préparés. Sans trop se faire prier, Holy se servit un bol, et commença à manger. Conjointement avec Neivin, Azriel lui fit remarquer qu'il aurait été plus correct d'attendre que leur hôte arrive pour se jeter sur le buffet. Mais avec l'odeur de nourriture chaude qui lui emplissait les narines, il était difficile pour le vampire de dire ça de façon vraiment convaincante.

Pour oublier sa faim, Azriel jeta un coup d'oeil autour de lui. L'ensemble n'avait rien de surprenant vis-à-vis de son apparence extérieure. C'était une vieille cabane, assez grande si on partait du principe qu'elle était conçue pour une personne vivant seule. L'ameublement était spartiate, sans grande surprise. Une chose néanmoins détonait : on ne sentait plus la puanteur de la nature à l'extérieur. De la magie était à l'oeuvre, et c'était d'autant plus évident quand on connaissait le propriétaire des lieux. Sans oublier les règles apprises lors de sa noble éducation, Azriel resta debout, attendant que leur hôte daigne se montrer.

Tungstène ne tarda pas à arriver, mes yeux brillèrent d'admiration à la vue du magicien qui embaumait une puissante magie. Comment une telle énergie pouvait tenir dans le corps d'un vieux monsieur ? Je gardais cette interrogation pour moi tout en l’écoutant parlé.
J’observais avec admiration son tour de magie, en regardant la viande voler vers mon bol, salivant mentalement devant cette nourriture qui sentait si bon.
Je tiquais lorsqu’il prononça mon nom et je me détendis lorsqu’il parla du Phénix, le célèbre journal connut dans tout le continent. J’oubliais souvent être paru dans ses pages.

« C’est un honneur de vous rencontrer Monsieur Tungstène, bien que le chemin pour venir jusque chez vous n’était pas de tout repos, je dois bien l’admettre. La guilde des dragonniers dites-vous ? Comme ces gens chevaucheurs de dragon qui figures dans les contes illustrés de mon enfance ? j’avoue ne jamais avoir entendu parler de cette engeance, pouvez-vous m’en dire plus ? »

Empli de perplexitude, j’écoutais d’une oreille distraite la suite de la conversation, relevant la tête lorsque le célèbre elfe nous demanda ce qui nous amenait jusqu’ici. Je fus tout à coup curieuse de savoir ce que mes camarades comptaient demander au plus puissant magicien au monde.

Mon regard croisa celui de Neinvi puis s’arrêta dans les yeux dorés de mon mentor, son masque lui donnant toujours cet air énigmatique, il était difficile de savoir ce qu’il pensait. Ma demande quant à elle, était plutôt personnelle, me rappelant ma soudaine perte de contrôle dans les grottes, je ne tenais pas à ce que tout le monde sache que ça pourrait se répéter… Je déposais mon bol près de la marmite et d’un air plus sérieux que jamais, je m’approchais de Tungstène.

« Ce sera peut-être plus clair si vous voyez ce qui m’amène… » Lui dis-je en lui proposant de prendre sa main.

Un échange de pensée pouvait être dangereux entre personnes inexpérimentées, mais je savais laisser mon esprit entre de bonnes mains. Je lui laissais donc voir cette magie qui bouillonnait en moi et qui ne cessait d’évoluer, l’air se mit à vibrer autour de moi comme pour signifier sa présence. Elle prenait souvent le dessus et ne faisait pas bon ménage avec ma thérianthropie. Cet animal enfoui en moi qui devenait fou. Le mal du loup-garou qui avait tué ma mère et qui grandissait dans mon esprit… Mon lien qui me liait à Spelunca d’une manière ou d’une autre d’après mon père. Toutes ces choses qui étaient trop pour une jeune musicienne de cirque.

Après avoir fait le tour, je rompis le contact.

« On m’a dit que vous possédiez des artefacts, est-ce que vous en auriez un qui pourrait me guérir ? Quelque chose qui pourrait m’aider à contrôler ma magie ? »

Ma demande était vague, j’en avais conscience. Je cherchais un catalyseur puissant… Une magie qui n’existait probablement pas.

Le jeune magicien se tendit encore davantage, alors que l'archimage, accompagnée de son aura écrasante, sortit de sa petite bicoque. Ce n'était bien sur pas la première fois qu'il l'apercevait, il l'avait en effet croiser quelques rares fois dans les couloirs de l'institut de magie. Ce n'était cependant rien comparé au fait de le rencontrer véritablement en face a face, encore plus en comptant ce qu'il allait oser lui demander. Le katzmann se détendit cependant quelque peu, quand le vielle homme plaisanta en disant les avoir confondu avec un certain dinosaure nommée Georges. A moins qu'il ai véritablement domestiquer ces créatures? Ce ne serait au final pas bien surprenant, compte tenu du personnage. Tungstène échangea quelques salutations de politesse avec chacun des membres du groupe, jusqu'au tour de Neivin.

- Quant à vous. Eh bien, j'ai un doute. Je crois vous avoir vu dans les registres de l'institut de magie, mais ma mémoire flanche. Novin ? Navin ? Neivin peut-être ? Oui, je pense que c'est cela. Ca rime avec félin, je pense que c'est un bon moyen. Que puis-je faire pour vous... Voulez-vous des grillades ?

- Bonjour monsieur le directeur, c'est un véritable honneur de vous rencontrer en personne. Cela fait en effet quelques années que j'étudie dans votre institut, ou j'ai beaucoup appris grâce a vos professeurs.

L'étudiant fut surpris que tungstène connaissait leurs noms et situation respectives, il s'était attendu a ce que cette homme soit bien trop absorbé par ces travaux pour se préoccupé de ces choses la. Avec un simple sortilège de lévitation, l'archimage leur donna a chacun un morceau de viande cuit dans leurs bols respectifs, signe qu'ils étaient autorisé a se servir. Ce fut alors qu'il attendit la réponse a sa question que tout le monde attendait, ce qu'ils étaient venus chercher, ici, dans les tréfonds du monde. Il demanda également pourquoi ils n'étaient que trois, Doe ne les avait en effet pas accompagné, peut-être voulait-il échanger en privé avec l'enchanteur, sans que ceux-ci ne soit présent.

Holy fut la première a faire sa demande, ce qui laissait au peut-être futur apprentie davantage de temps pour se préparer mentalement. Respectant l'invitation donner implicitement par tungstène, Neivin remplit son bol d'un peu de ragout pour accompagner son morceau de viande, et s'asseye sur une petite chaise avant de commencer son repas. Ecoutant l'échange entre la musicienne et leurs hôte, il ne put cependant comprendre que très partiellement ce qu'elle voulait lui demander, ceux-ci parlant visiblement par télépathie. Avec les quelques échanges orales, il put comprendre qu'elle avait besoin d'un artefact pour contrôler de sa magie, parlait elle de sa lycanthropie? Il y avait eu en effet un affrontement ou son affliction avait pris le dessus, mais il était difficile de savoir si elle parlait de ceci précisément.

L'échange se poursuit un moment, et quand celui-ci se termina, Neivin fut le prochain a faire sa demande. Posant son bol a moitié consommé, celui-ci se leva et commença par la partie la plus facile.

- Comme tout le monde ici je pense, monsieur le directeur, je suis venu dans l'espoir d'obtenir quelques un de vos artefacts ou armes légendaires, si vous le permettez bien sur. Je recherche quoi que ce soit qui pourrait m'aider dans mon apprentissage, ou également de quoi me défendre davantage. Après tout, entre les pirates, la faune sauvage, les skarniens, j'en ai assez vu pour vouloir quelques outils d'autodéfense supplémentaire.

Il prit alors une inspiration par le nez, avant de continuer

- J'ai également une demande, enfin euh... requête, sans vouloir etre impertinent, ce serait de...

Il marqua une pause, alors que son cœur se mit a battre la chamade. Mais quelle que sera la réponse de l'archi-mage, faire machine arrière était hors de question.

- Ce serait un véritable honneur, et une bénédiction pour mon apprentissage, si vous pourriez m'accorder votre enseignement, ne serait-ce que quelques jours. Si je dois faire quoi que ce soit pour le mérité, je suis prêt a le faire.

Les secondes fut alors comme des minutes alors que Neivin attendit la réponse décisive du plus grand magicien de tout les temps. Les chances n'était pas de son coté, mais il espérait de tout cœur que celle-ci lui sourit.

Le groupe n'eut pas à attendre très longtemps, le mettre des lieux entra, bien surpris de voir autant de monde chez lui. Azriel supposait qu'il ne devait pas souvent recevoir de la visite, et que le choix d'établir son logement ici devait y être pour quelque chose.

- Nom d'un phénix, vous êtes déjà là ?! Je ne vous attendais pas avant des heures. J'ai cru entendre toquer à la porte, mais j'ai cru que c'était encore Georges l'archéoptéryx qui me faisait une mauvaise blague... Mais enfin soit.

Le vampire ne savait pas s'il avait dit ça sur le ton de la plaisanterie ou non. Tout excentrique qu'il fut, le Père Tungstène était un mage de premier ordre, probablement le plus puissant de Dùralas. Il était tout à fait capable de parler avec ces créatures géantes qu'ils avaient croisé. Qui sait, peut-être l'était-il assez pour les avoir invoqués lui-même afin d'assurer sa tranquillité ?

Autre fait impressionnant, le mage semblait les connaître et les attendre, ou tout du moins il connaissait leur identité. Etaient-ils passés près d'un piège, ou d'un système de surveillance sans le savoir ? La jungle était immense, les visiteurs pouvaient prendre n'importe quel chemin, d'autant que le risque de se perdre était plus qu'important. Sans rien dire, Azriel était admiratif, et même un peu envieux des pouvoirs de Tungstène.

- Et vous... Vous devez être Monsieur Loyal je présume. J'ai aussi lu votre interview dans le Phénix Enchaîné. Enfin je rencontre le dirigeant du Cirque de l'Eclipse. @Azriel de votre vrai nom, c'est exa' ? Bon bon... Allez, asseyez-vous à l'ombre ou vous allez rôtir mon jeune ami.

Cette dernière remarque le fit sourire, bien qu'il appréciait l'attention. Vu le climat de la région, il avait cependant plus de chances de finir cuit à l'étouffé que rôti, mais malgré l'odeur alléchante qui envahissait la cabane, il n'était pas venu là pour discuter cuisine.

- Je disais donc : que puis-je pour vous ? Et j'y pense. Vous n'étiez pas quatre normalement ? Je ne vois point le dernier aventurier.

Tiens, effectivement, Doebroksh semblait être resté à l'extérieur. Azriel se demandait pourquoi. Peut-être que ses cornes ne passaient pas la porte ? Ca devait être compliqué de toujours trouver des infrastructures à sa taille.

- Mes respects enchanteur. Je suis bien Azriel, Azriel Lorca, deuxième fils de Nergal et Ursula Lorca de Spelunca.

En écoutant les requêtes de ses camarades, Azriel réalisa que son souhait allait faire tâche. Et compte tenu de la nature plutôt bonhomme de Tungstène, lui dire de but en blanc qu'il souhait accomplir des rituels interdits pour, dans les grandes lignes, exterminer sa famille semblait exclu.

- Je... Pour ma part, j'aurais des questions sur les pratiques invocatoires. Peut-être auriez-vous un ouvrage à me conseiller ?

Des dragons, des phénix, démanteler le comté de Motch Hollow, cette guilde des dragonniers me semblait bien intéressante.

« Merci Monsieur Tungstène, je me renseignerais sur cette guilde. Ses objectifs semblent concorder avec les miens… »

Alors je n’étais pas malade hein…
Mes doutes s’envolèrent lorsque Tungstène sortit cet instrument de sa cahute. La matière était indescriptible, si c’était du bois, je ne connaissais pas cette variété. Il brillait tant il était imprégné de magie, les runes qui le parcouraient étaient fines et complexes. Alors que je me perdis dans sa contemplation, le magicien le plus puissant du continent me sortit de ma rêverie.

« Oh oui, oui bien sûr, nous pensions savoir que vous aviez une passion pour les… Crânes de diso…Dinosaures, alors on vous en rapporté de toute sorte. Étant donné qu’ils sont plutôt imposants, j’ai enfermé les miens dans une partition. Attendez… »

Sortant une feuille de parchemin de ma besace, je la fis voler dans les airs en jouant quelques notes de ma vieille flûte enchantée. Aussitôt le parchemin se consuma dans des gerbes de flammes bleutées, et trois énormes têtes de quetzacoatlus tombèrent d’un bruit sourd un peu plus loin du feu de camp.
Une fois l’instrument dans mes mains, je pus sentir une synergie opérer, comme s’il détenait une énergie propre, une aura singulière et … humaine ? J’eus l’impression de pouvoir lui demander n’importe quoi et qu’il allait me répondre. Mais avant de l’essayer, je me fis violence pour écouter poliment les requêtes de mes camarades et chef de meute.
Doebroksh c’était fait discret, mais Neivin formula son vœu, des cours avec Tungstène, élève assidu, ça lui ressemblait bien. La réponse du magicien n’en fut que tout aussi intéressante. Je ne comprenais pas tout car les notions sur les magies élémentaires étaient vagues pour moi.
Puis vint le tour d’Azriel et sa demande la plus humble de toutes, c’était étrange pour moi de l’entendre se présenter avec son nom complet, c’est qu’il ne parlait pas souvent de sa famille. Comme on dit, les questions les plus simples engendrent souvent les réponses les plus complexes, ou peut-être est-ce l’inverse ? Je tiquais sur une des phrases, et ma bonne volonté à rester sage s’évapora.

« Attendez, ramener quelqu’un à la vie ? C’est possible ? Les livres de nécromancie semblent dire le contraire pourtant… Non pas que je m’intéresse à ce genre d’ouvrage… Évidemment, simple curiosité… »

Mais mon incapacité à savoir mentir me rendit plus ridicule qu’autres choses. Pouvoir revoir ma mère avait été une obsession fut un temps.

Humble? Le magicien était surpris que cette traversée valait bien plus qu'un objet ridiculement puissant et des techniques de magie de tungstène en personne. Cette surprise était cependant éphémère, Neivin étant bien plus focalisé sur le fait que sa demande osé avait reçu une réponse positive. Il comptait bien profiter de ces précieux jours pour faire d'immense progrès.

La question des dragonniers le tiqua cependant. L'élève ne c'était jamais très intéresser a ce groupe, bien que dirigé par tungstène en personne. Non seulement car il pensait que c'était une organisation qui rassemblait l'élite combattante du continent, ce dont il ne fait pas partie, mais aussi car ce n'est qu'un simple élève qui est encore en apprentissage. Mais au vu de ce qu'il entend, et du fait que après tout, il a gagner beaucoup en puissance ces dernières années, il pourrait en effet y songer sérieusement. Les créatures malfaisantes et terriblement dangereuses sont après tout bien trop présentes sur le continent, bien que le jeune chat ne s'attend pas a aller vaincre Nadsûhydr en personne.

Ce qu'il devait se concentrer maintenant cependant, c'était le choix de l'équipement. L'archimage semblait surpris qu'il désire un artefact défensif, hors de son élément. Ce que l'élève avait cependant bien appris lors de ces cours, c'est que les explomanciens avait une fâcheuse tendance a mourir très jeune, en plus de tuer leurs allié, bien que les dégâts collatéraux sont toujours présents dans d'autres formes de magies, mais a bien moindre mesure. Et un pyromancien, aussi puissant soit-il, ne peut pas se défendre, et meurt d'un coup d'epée comme n'importe qui, sauf dans certaines sous-branches spécifiques.

- Et bien, monsieur le directeur, je sait que beaucoup de magiciens sont fier de leur élément, mais en ce qui me concerne, je trouve que la versatilité est plus importante. En effet, le feu ne m'a jamais protégé d'une flèche après tout, et avec ma spécialité, l'explomancie, vous savez bien ce que sont devenus mes compères qui se fichait des autre formes de magie. Je maitrise bien sur bien mieux le feu que l'eau...

Alors que Neivin commença l'explication de son choix, celui-ci ressemblant a ceux qu'il faisait en cours, la dernière phrase de l'élémentaliste perdit en intensité, jusqu'à s'estomper entièrement. Il sentit une aura de fraicheur, humide, et elle ne venait de aucun individu présent dans cette pièce. Jetant un regard par delà l'épaule de son nouveau professeur, il vit deux morceaux de bâtons taillé poser sur une vielle table. Il ne savait plus exactement comment cette arme s'appelait, des tonpas? Et il savait encore moins s'en servir, mais celle-ci dégageait une magie aqueuse. Il ne saurait dire comment elle fonctionnait d'un simple coup d'oeil, mais elle semblait avoir la capacité de protéger son propriétaire d'une manière ou d'une autre, voir plus encore... tout comme le casque qui était posé non loin, bien que ce dernier n'était rattaché a aucun élément en particulier, et bien moins puissant.

L'eau, l'élément que le pyromancien maitrisait le moins, serait donc le plus utile comme artefact, palliant sa faiblesse. Et sa précédente demande étant considéré comme humble, pourrait t'il également acheter le casque? Dans tous les cas, il devait bien sur connaitre leurs effets avant de faire un choix quelconque, encore plus si tungstène avait un autre choix en tête.

Azriel continuait d'observer les objets présents dans la boutique, tout en gardant une oreille attentive à ce qui se disait. Il fronça les sourcils en entendant ce que racontait Holy. De la magie nécromantique ? Depuis quand Holy s'intéressait-elle à ce genre de choses ? On était très loin du type de magie qu'elle utilisait habituellement, ou même de ses préoccupations en général. Il faudrait qu'il lui en touche deux mots à l'occasion. De son côté, Neivin lui expliquait ce qui, aux yeux d'Azriel, semblait comme un choix de bon sens. En ce qui concerne la magie, prendre des précautions n'était jamais superflu.

Puis le Père Tungstène se tourna vers le vampire. Celui-ci désigna deux objets du doigt. Le premier était une dague ouvragée, ornée d'une émeraude à la garde, posée à côté d'un fourreau de cuir orné d'un symbole représentant un serpent.

- Je vais choisir ceci. Cela fera un... cadeau parfait.

Le deuxième objet était une tunique constituée d'un tissu au motif étoilé. Outre le fait qu'elle semblait avoir été conçu comme une tenue de spectacle, quelque chose en elle l'appelait. C'était une sensation difficile à décrire, comme retrouver un objet que vous aviez perdu il y a longtemps. Azriel voyait cette tenue pour la première fois, il en était convaincu, mais quelque chose en elle lui semblait terriblement familier. Comme si... c'était idiot, mais comme si elle avait été faite pour lui.

- Je vais également prendre ceci. Ce sera du plus bel effet ! Oh, et concernant ces histoires d'ouvrages d'invocation, je suis plus particulièrement à la recherche de ceux qui traitent des invocations de grande taille, ou ceux concernant les créatures tirées de plans extérieurs.

En attendant la réponse du vieux sage, Azriel remarqua qu'il manquait toujours un Minotaure dans la pièce. Mais que faisait Doebroksh ?

Le regard mauvais, le minotaure scrutait la bicoque à un jet de pierre. Il demeurait silencieux, les poings serrés sur les manches de ses armes. Du sang encore tiède gouttait de son bouc, témoignage de la violence des combats menés pour arriver jusque là. Tout comme l'état de sa compagne bien moins imposante en témoignait.

- Allez avant, déclara le minotaure d'une voix où son flegme habituel était totalement absent. J'aurais à échanger avec l'enchanteur. Ça prendra du temps.

Avec un grognement, il se força à détourner le regard pour s'orienter vers l'étang attenant. S'arrêtant les sabots au bord de l'eau, il huma l'air, tous les sens en alerte. La dernière fois qu'il avait approché une étendue d'eau calme dans cette maudite grotte souterraine, il avait eu droit à l'assaut d'un reptile effroyable faisant passer un alligator pour un gros lézard. Toutefois, aussi près du repaire du mage, son instinct lui murmurait que cette expérience ne se reproduirait pas. Que quelque maléfice - ou plutôt, enchantement - tenait les prédateurs et autres animaux violents à l'écart. Lui-même éprouvait d'ailleurs une forme de malaise l'incitant à tourner les sabots. Sans doute la magie à l'œuvre ne se limitait pas à la faune locale. Néanmoins sa détermination était bien plus forte qu'un simple artifice en lisière de sa conscience.

Rageusement, l'hybride dégrafa les chaînes de ses deux armes principales avant de les enfoncer dans le sol spongieux. Mieux valait rester prudent. Puis, d'un mouvement infiniment plus délicat, il écarta l'une des poches ventrales de sa cuirasse dont seuls un bras et une petite tête dépassaient. Dans le creux de sa paume, il tint la fée meurtrie. Assommée peu de temps auparavant, elle n'avait pas encore reprit conscience. Ce qui n'était peut-être pas plus mal au vu de l'angle que décrivait l'une de ses ailes… Tout comme le minotaure, elle était maculée de sang de saurien des cheveux aux pointes de sa robe diaphane - si l'on pouvait considérer cette partie naturelle de son anatomie de vêtement. Tout en douceur, il immergea le petit corps dans l'eau tout en prenant garde à conserver sa tête hors de l'eau. L'agitant lentement de côté en laissant des trainées écarlates dans son sillage. Puis, la jugeant sommairement nettoyée, il se contenta de la déposer dans l'herbe. Ensuite seulement, il s'autorisa à retirer sa cuirasse, ne restant qu'en pagne de cuir avant de s'asperger le mufle et le crâne d'eau froide.


Il avait le regard dans le vague, assis dans l'herbe face à l'étendue d'eau, lorsqu'il sentit l'approche de l'inconnu avant de l'entendre. Il se renfrogna, ses poings se resserrant sur ses genoux. Il était pratiquement nu, mais sa hache et son estramaçon étaient plantés à portée de main.

- Salut grand bonhomme, déclara une voix parcheminée dans son dos. On joue les taciturnes ? Huhu.

Doebroksh ne répondit pas. Faisant mine d'ignorer le vieil homme, il ferma les yeux et compta mentalement quelques chiffres. Ensuite seulement il se tourna de côté sans faire mine de se lever. Le vieillard ne l'observait pas. Appuyé des deux mains sur un bâton noueux, il était légèrement penché en avant, étudiant le corps inconscient de Nyssa. Sa longue barbe tombait une longueur de doigt au-dessus d'elle.

- Qu'est-il arrivé à cette pauvre petite ? interrogea-t-il avec un étonnement non feint. Un pitiponk lui à sauté dessus ?
- C'est…

Toutefois, avant que l'hybride ne prenne la parole, le vieux barbu posa un genou à terre en tendant les doigts vers le corps de la fée. Il prononça quelques mots, lesquels incitèrent le minotaure à ne pas l'interrompre. Une faible lueur émana de ses doigts avant de se déployer autour de la fée. En quelques secondes, les quelques coupures sur ses épaules et contusions sur son visage s'estompèrent. La pliure de son aile se redressa puis se lissa, comme si elle n'avait jamais existé.

- Voilà qui est mieux huhu. Elle devrait se réveiller dans l'heure.

Hébété, Doebroksh alla du mage se redressant à sa compagne remise de toutes ses blessures. Et ce en quelques instants seulement. Ses dons de guérisseur dépassaient largement tout ce qu'il avait connu auparavant, incluant les matriarches de son clan, le paladin à crinière ou la fée elle-même.

- Tu ne posséderais pas une pierre de trajet toi ? le questionna le mage sans prendre de gants. Elles dégagent une aura qui me démange dans les genoux. Ironique pour un artefact permettant de se déplacer sur de si grandes distances n'est-ce pas ?

Leurs regards se croisèrent enfin, à même hauteur comme Tungstène se redressait et que le rôdeur demeurait assis. Les prunelles cuivrées du demi-elfe pétillaient de curiosité, contrastant avec la colère se muant en confusion dans celles grises du bovin. Il plissa le regard, ne sachant trop que répondre. Cela faisait si longtemps et tant d'épreuves qu'il ne savait trop par où commencer.

- Allons bonhomme, un Dharitri a mangé ta langue ?
- …

Il ne répondit… rien. Sans ciller, il plongea les doigts dans une de ses besaces et en tira la fameuse pierre de trajet. Sur l'une des deux faces était gravée le symbole menant à Wystéria, au refuge d'une tribu thérianthrope justement mentionnée par le mage. Était-ce une coïncidence ? Peu probable. Sur l'autre en revanche…

- Tiens, je ne connais pas cette destination, déclara Tungstène en étudiant la seconde rune. Elle mène dans le Nord j'imagine ?
- … une pierre levée, répondit-il enfin d'un grommellement. Sur le territoire de ma tribu.
- Je vois je vois…

Tout à son étude, le grand-père fit quelques pas en direction de l'eau, ignorant le rôdeur. Il se pencha, ramassa un galet parmi d'autres. D'un index, il dessina quelques arabesques, avant de tendre les deux pierres au minotaure.

- J'ignore comment tes compagnons ont l'intention de revenir à la surface, commença-t-il à expliquer. J'aurais peut-être dû leur demander, mais chaque chose en son temps. Voilà pour toi. A même pas deux cent mètres par là se trouve mon menhir personnel. J'ai apposé son symbole sur cette pierre de trajet. C'est cadeau.
- Je…

De plus en plus confus, Doebroksh se retrouva avec deux pierres entre les doigts. Puis avant qu'il ne réponde, le mage s'était assis à côté de lui après avoir écarté quelques brins d'herbes.

- Tu sais, la Jarl de Kastalynn fait partie des rares personnes à m'avoir rendu visite jusqu'ici. A vrai dire, avant toi, c'était la seule représentante de votre faction… Dois-je m'attendre à d'autres visites du Nord ? Tu fumes ?
- La Jarl Selsya ? Répondit Doebroksh avec étonnement avant de secouer négativement la tête.

Haussant les épaules, Tungstène piocha dans la bourse d'herbe qu'il lui tendait, bourra sa propre pipe qu'il alluma d'une étincelle magique avant d'inspirer une bonne bouffée. Aussitôt, la fumée parvint aux naseaux sensibles de l'hybride qui renâcla.

- C'est ce que je pense ?
- Je te demande pardon ? Ca ? Ho oui, je crois que c'est ce que tu penses.

Paisiblement, il tira une nouvelle bouffée du narcotique, observant paisiblement la surface de l'eau. Entre deux bouffées, il interrogea :

- Tes camarades sont passés me rendre visite, chercher repos et récompenses suite à leur épopée. Rien ne t'intéresse toi ?
- …

Il ne répondit pas, revenant lui-aussi à la surface de l'eau. Quelques instants passèrent, troublés uniquement par des cris sauvages dans le lointain ou les inspirations profondes du mage. Lorsque Doebroksh s'apprêta à reprendre la parole, il fut toutefois devancé.

- Je peux t'appeler Do ? C'est bien ainsi que l'on t'appelle ?
- Doebroksh, rectifia l'intéressé avec aigreur. Et non. Tu ne peux pas. Seuls mes amis le peuvent.
- Comme tu le souhaiterasn Jeesho.

En entendant le nom de son gardien-totem, son nom véritable au sein du peuple Ayani, la mâchoire lui en tomba. Comment ce vieil ermite, tout érudit qu'il soit, pouvait connaître ce nom ? Comment pouvait-il le connaître aussi intimement ? Que savait-il d'autre ? Et pourquoi lui révélait-il l'ampleur de ses connaissances ?

Un rictus d'agacement déforma le museau du minotaure, fusillant le mage du regard.

- Ne te trompe pas, vieil homme, explosa-t-il enfin froidement. Je ne suis pas ton ami. Ton admirateur. Ton apprenti. Je ne te rends pas une visite de courtoisie. Et je n'ai que faire des jouets entreposés dans ta demeure.

Nullement impressionné, Tungstène inspira une dernière bouffée de sa pipe. Puis la retourna pour la vider avant de répondre.

- Je vois, répondit-il en se tournant vers l'hybride sans trahir le moindre effet de l'opiacé. Pourquoi es-tu là en ce cas ?
- Pour te faire transmettre un message, répliqua sombrement le rôdeur qui, sans ciller, se releva et toisa de toute sa hauteur l'homme assis par terre.
- Ah.

Ce fut tout ce que répondit spontanément le magicien. Tranquillement, il se leva à son tour puis fit face à l'hybride, mains croisées devant lui.

- Un simple message, il aurait été plus simple de me contacter à l'institut de Sylfaen ? Ou même au campement des dragonniers, près de tes terres. Non ?
- Non.

A gestes lents, le minotaure tira sa hache et son épée large de leur gangue de glaise. Tout dans son langage corporel trahissait son impatience d'en découdre.

- A Endorial ou dans les plaines, ce n'aurait pas été pareil, commença le minotaure en fulminant et effectuant quelques pas de côté sans quitter le demi-elfe du regard. Je voulais venir ici. Dans ton sanctuaire. A l'écart de tout indésirable. A l'écart de toute interruption. Car cela ne s'adresse qu'à toi et à nul autre. Car ici, je veux que ce soit un symbole. Que quelque soit ton refuge, tu sache qu'il ne sera jamais hors de ma portée et du message que j'ai pour toi.
- Belle tirade, convint le demi-elfe d'une voix pour la première fois sérieuse, où nul amusement ne subsistait plus. Et quel est ton message, Jeesho de la tribu des Moj'Hauks.

Retroussant les naseaux, son anneau doré tremblant, Doebroksh pointa le tranchant de son tomahawk vers le magicien. Ses yeux tremblaient de colère, mais sa voix était ferme.

- Assume ton statut et tes responsabilités, archi-mage. Les habitants de ce continent attendent mieux de toi. Des actions concrètes pour leur venir en aide. Pas des futilités pour les accabler davantage.

Tungstène soupira de lassitude, visiblement peu incommodé par la lame imposante si proche de sa barbe.

- Les poules, je présume ?
- Oui, confirma le rôdeur, stoïque. Entre autres.
- Et qu'attends tu de moi, à ce sujet ?
- J'attends de toi, répéta Doebroksh avec une lenteur consommée, rongeant son frein. J'attends de toi de faire amende honorable. Pour leurs dégâts. Pour les traumatismes des citoyens. Pour ta négligence et ton mépris vis-à-vis de leurs victimes. Mais également que tu agisses. Le roi-sorcier. La Perracie. Les Calamités. Les skarniens. Tu as prouvé par le passé pouvoir changer le cours des choses. Tu as prouvé récemment toujours le pouvoir. Mais tu ne fais rien. Tu te caches, ici ou derrière des murs. Tu dois faire mieux que cela, enchanteur. Tu dois faire mieux et tu dois des excuses à ces peuples qui…
- Je suis désolé, l'interrompit toutefois Tungstène en inclinant la tête.

Doebroksh allait poursuivre son sermon, néanmoins, ce qu'il vit lui fit retenir sa langue. Le mage jovial et souriant, fumant la pipe comme un adolescent effronté, s'était effacé. Celui qu'il voyait à présent était une autre personne. Une personne ployant sous le poids des ans et des responsabilités.

- Je suis désolé, répéta-il dans un souffle avant de lentement redresser la tête.

Son regard cuivré était dur, mais emplit de tristesse. Dans celui-ci, le minotaure lut la sincérité de l'archimage. Son regret. Ses remords.

Lentement, il baissa le bras et écarta son tomahawk. Il recula d'un pas, accordant au vieil homme un peu d'air et cessant de le dominer agressivement.

- Je… ne m'attendais pas à ça, avoua Doebroksh, pris au dépourvu et son animosité fondant comme neige au soleil.

Tungstène esquissa un sourire triste avant de répondre, passant les mains dans son dos.

- Tu ne t'attendais pas à ce que je connaisse et reconnaisse mes propres travers ? Tu t'attendais à ce que je nie en bloc et réfute tes arguments ? Tu t'attendais à me confondre ?

Bras ballants le long de son abdomen nu, le minotaure hocha de la tête.

- … à devoir m'affronter ? poursuivit sombrement le magicien.
- Je m'y étais préparé et résolu. Oui.

Tungstène acquiesça, ayant depuis longtemps deviné ses intentions.

- Et bien j'ai entendu ton message, Jeesho des Moj'Hauks. Je connais sa véracité et mes responsabilités. Toutefois. Dis moi…

Une lueur pétilla soudainement dans son regard lorsqu'il termina sa phrase :

- …souhaites tu toujours m'affronter ?
- … oui.

Son sourire s'agrandissant, l'archimage fit quelques pas en retrait, écartant les bras et désignant l'équipement du minotaure à même le sol, aux côtés de la fée endormie. Doebroksh l'observa quelques instants, méfiant, avant de ramasser la bandoulière de son carquois. Il n'enfila pas son armure. Contre une magie comme celle que pouvait déployer Neivin, elle ne lui était d'aucune utilité. Donc face à l'archi-mage de l'institut en personne…

- Cela fait quelques années depuis mon dernier duel… quand tu veux, l'invita Tungstène en écartant les bras, paumes ouvertes dans sa direction.

Le minotaure le scruta. Silencieux. Les animaux de la grotte eux-mêmes semblaient se faire plus discrets. A moins que ce fut son imagination.

Sans prévenir, il s'élança en avant avec un meuglement de rage, arrachant des mottes de terre sous ses sabots et tirant son arc massif du carquois. Après deux pas toutefois, l'archi-mage leva une main paume vers le ciel et replia deux doigts, sans même prononcer un mot. En un instant, Doebroksh quitta le plancher des vaches. Il s'éleva dans les airs à toute allure, fusant très loin au-dessus des arbres. Une bourrasque toutefois souffla le magicien de côté, écartant sa barbe et sa robe ample. Surprit, il lorgna l'énorme projectile en forme de harpon ayant manqué son bras d'un pouce tout au plus. Puis, très loin au-delà de sa vision, un choc retentit.

Il esquissa un sourire amusé, puis effectua un nouveau geste beaucoup plus lent, paume vers le sol en tendant deux doigts. Maîtrisant calmement son sort, il fit redescendre des cieux le minotaure qu'il avait envoyé s'écraser contre la voûte de la caverne. Celui-ci était inerte, assommé sur le coup. Délicatement, il le reposa magiquement dans l'herbe avant de s'assurer ne pas l'avoir blessé. Puis il se tourna vers l'énorme flèche fichée dans le sol. Malgré le brusque sort de gravité inversé, le rôdeur était parvenu à encocher ce véritable missile et tirer, manquant de peu embrocher l'enchanteur… ou plutôt, ricocher sur ses protections arcaniques. Mais ça, l'hybride n'avait pas vraiment besoin de le savoir.

- Rentre bien, Jeesho des Moj'hauks, souhaita-t-il aimablement en posant la main sur la fourrure de l'hybride. J'ai entendu ton message et ta quête est achevée.

Puis, calmement, il reprit le chemin de sa bicoque, mains croisées dans le dos en sifflotant un air joyeux.