Une main au-dessus des yeux pour se les protéger, Reek devinait plus qu’il ne voyait l’astre atteignant son zénith derrière les nuages qui s’étaient installés pendant la nuit. Ils n’avaient rien de menaçant pour l’instant, mais venait avec eux une fraicheur qui faisait toute la différence avec la journée de la veille.

Assis sur le tronc d’un arbre couché mort, l’homme-chien attendait le retour du stryge qui serait son compagnon de chasse encore aujourd’hui. Un brave gars, plein de bonne volonté et d’énergie, sans doute un peu trop confiant en ses capacités de guerrier.

Mah, s’il s’est trouvé meilleure lame et armure, ça devrait le faire…

Ils avaient eu de la chance le jour précédent, achevant en deux coups un joli daim dont ils s’étaient régalés. Fabien avait subi une blessure certes, mais si légère qu’elle ne devrait pas le gêner. Reek, de son côté, était en pleine forme. Il n’avait eu qu’à se reposer dans les dernières vingt-quatre heures et il s’en trouvait gonflé à bloc, prêt à déployer tous ses sens et toute sa force dans leur quête de quelque gibier à venir…

- … Je sens que l'on va bien s'amuser aujourd'hui !

Il est bon d’être optimiste, mais alors on est peu réaliste. Enfin, ce n’étaient là que des mots et notre héro n’avait pas la cervelle pour les décortiquer. Il sauta sur ses pieds et s’étira, mains sur la nuque et coudes en l’air.

- Ouais. Allons-y !

Sans plus de fioritures d'introduction - Reek les avait en horreur - comme toute partie de chasse, celle-ci commençait par la recherche d’une piste. Dilatant ses narines et ouvrant tout grand ses yeux, l’homme-chien se mit en marche. Il consacrait tout de même quelque attention à son nouveau compagnon, par ses oreilles notamment, qui lui seraient bien utiles pour entendre les réponses et banalités civilisant de la discussion qu’il engagea :

- Ç’a l’air pas mal c’que t’as dégoté.

D’un regard il renvoya aux casque, armure et lame courte que Fabien portait.

Même mieux que ma misère d’ailleurs…

Et il prit dans l’instant la décision de lui aussi faire quelque dépense pour améliorer sa frappe et sa protection contre les coups.

- Doit bien valoir ses quelques pièces... tu bosses ? j'veux dire, à part bosser pour ta nana ?

- Et toi?
- J’casse des cailloux dans le monde des hommes. Et sinon je chasse… je vis dans ces plaines.
- T'as pas pensé à acheter du meilleur matos? Ou tu n'avais pas l'argent peut-être ?

Fabien se raidit au son d'une herbe craquant à deux pas. Mais le nez de Reek n'avait encore rien repéré dans les environs.

- Ouais, j’devrais faire ça. Mais faut aller en ville… On va dire que je mets de côté ! Et si tu veux casser des cailloux, j’vais quelque fois à Baldorheim, dans les montagnes. Ils embauchent à la journée et te filent une pioche… Si ça te dit de suivre...

Il considéra un moment ce qu’il avait de souvenirs dans cet endroit. Il travaillait dur, toujours, ne prenant guère le temps de se reposer et encore moins de discuter avec ses collègues d’un jour. Il se disait que cela le rendait plus fort, il menait sa journée comme une épreuve entre son corps et son esprit.

- Ca gagne mal, mais ça gagne toujours un peu.

Reek, il faut le dire, n’était pas du genre à vous regarder souvent pour palabrer. S’il était tout à la conversation ses yeux ne quittaient jamais la piste. Et il avançait sans hésiter, connaissant par cœur ces étendues ouvertes.

Il y allèrent, donc. Cependant, il ne suffisait pas de vouloir... La veille, Reek était déjà sur une piste, et depuis un certain temps, quand il avait rencontré Fabien sur sur chemin. Là, ils repartaient de zéro.

Heureusement était le nez.

Celui de Reek en l’occurrence qui, transformant subtilement sa structure vers celle du chien, améliorait considérablement son odorat. Depuis qu'il avait été mordu il nageait - et apprenait chaque jour à mieux nager - dans un océan de senteurs riches et variées.


Il fallut un peu moins de deux heures pour qu'il trouvent une piste de bison. Car c'est bien ce qu'ils chasseraient. Ils n'hésitèrent pas à suivre la trace de l'animal qui semblait solitaire. Ainsi Fabien allait accomplir sa quête. Reek quant à lui se satisfaisait pour ce jour d'une envie de prendre des risques pour le mouvoir. Une envie de se battre contre la vie pour se prouver sa valeur et se sentir... vivant.

Début du combat Fabien Parker, Reek - Ennemis

Ah ouais ? Pas de plan, pas de rien ?...

Fabien porta dans un élan entre bravoure et supidité un coup au bison. Surprit sans doute, la bête s'était laissé entaille l'encolure. Un peu étourdit, elle offrait un ouverture sur son flan que Reek saisit d'un bond prédateur. Il courut. Ses mains se portèrent à ses lames qu'il attrapa en souplesse, puis...

- Gwahaaaa !!

Il atteint sa vitesse de pointe en arrivant sur la bête et, laissant son corps glisser pieds devant lui, il passa sous elle ses deux dagues pointées vers le ventre de la proie.

Combat Fabien Parker, Reek - Ennemis

Combat Fabien Parker, Reek - Ennemis