La brise marine caressait la peau de Marania alors qu'elle se tenait sur le pont de son navire, le Disk-O, dominant le port animé d'Ishtar. Son regard rubis se promenait avec fierté sur les voiles gonflées par le vent, sur les reflets chatoyants dansant sur les vagues. Elle se sentait chez elle, dans son élément, entourée de l'océan qui était sa source d'inspiration et de pouvoir.

Ses lèvres ourlées d'un rouge écarlate esquissaient un sourire satisfait alors qu'elle observait les badauds s'arrêter pour admirer son navire. Marania adorait être au centre de l'attention, comme une diva sur scène, et voir son bateau susciter l'admiration des passants ne faisait que gonfler son ego déjà bien imposant.

"Regardez-les, mes chéris ! Ils sont tous captivés par la splendeur du Disk-O ! Ils ne peuvent s'empêcher d'être envoûtés par sa beauté, tout comme moi," lança-t-elle d'une voix envoûtante à ses moussaillons affairés autour d'elle.

Les marins acquiescèrent avec des sourires entendus, habitués aux excentricités et à la vanité de leur capitaine. Ils savaient que sous ses airs de diva capricieuse se cachait une âme généreuse et intrépide, prête à tout pour défendre son équipage et sa liberté. C’était un personnage complexe et paradoxal, mais l’important pour cet équipage éclectique était la solde qui les attendait à chaque fin de journée.

Alors que Marania observait les curieux s'approcher du bateau, une idée lumineuse lui traversa l'esprit. Elle tourna son regard vers ses hommes et leur lança avec un éclat malicieux dans les yeux : "Mes chers moussaillons, préparez-vous à accueillir nos invités ! Nous allons offrir une visite guidée du Disk-O à ces pauvres âmes en quête d'aventure et de beauté !"

Les marins s'affairèrent avec enthousiasme à préparer le navire pour les visiteurs impromptus, nettoyant rapidement le pont et ajustant les voiles pour une présentation impeccable. Marania descendit majestueusement le long de la rampe qui reliait le pont au quai, sa queue de murène se mouvant avec grâce derrière elle, attirant les regards intrigués des passants.

"Approchez, mes chers admirateurs ! Ne soyez pas timides ! Venez découvrir la merveille qu'est le Disk-O, œuvre d'art et vaisseau de légende !", lança-t-elle d'une voix claire et mélodieuse, attirant l'attention de ceux qui se pressaient autour du bateau.

Les badauds, émerveillés par l'invitation de la mystérieuse cantatrice abyssale, s'approchèrent timidement, curieux de découvrir les secrets du navire aux voiles argentées. Marania les accueillit avec un sourire éclatant, les invitant à monter à bord pour une visite inoubliable. Parmi ces visiteurs devaient se cacher des voleurs et autres personnages aux motivations douteuses, mais tout cela était absent de l’esprit de la diva.

"Entrez, entrez ! Laissez-vous emporter par la magie du Disk-O et par les récits de ses aventures ! Vous ne regretterez pas cette décision, je vous le promets," déclara-t-elle avec assurance, lançant un regard complice à ses moussaillons qui l'avaient suivie dans cette aventure improvisée.

Alors que les premiers visiteurs montaient à bord, Marania sentit son cœur s'emballer d'excitation. Elle adorait être sous les feux des projecteurs, même sur les flots tumultueux de l'océan. Et ce jour-là, elle était déterminée à faire de cette visite un spectacle dont on se souviendrait longtemps.

La brise salée caressait les voiles du Disk-O alors que Marania accueillait avec un sourire éblouissant une poignée de visiteurs sur son navire. Sa queue de murène se mouvait avec grâce derrière elle, trahissant son excitation à l'idée de partager sa passion pour l'océan avec ces curieux venus découvrir le pseudo-légendaire vaisseau. Elle observa attentivement chaque nouveau venu, scrutant leur tenue, leur démarche, et surtout, leur bourse. Marania était habituée à juger le caractère et la richesse de ses invités d'un simple coup d'œil. Elle savait que chaque pièce d'or accrochée à une ceinture révélait un peu plus sur la nature de l'âme qui la portait.

Parmi les visiteurs, un jeune homme se démarqua par son assurance et son apparence soignée. Son costume élégant et ses bijoux étincelants trahissaient une fortune certaine. Marania esquissa un sourire en coin, décelant une proie potentielle dans ce jeune homme fortuné. Elle fit un discret signe à l'un de ses matelots, lui indiquant d'un mouvement de tête le riche visiteur. Le marin acquiesça silencieusement, comprenant les intentions de sa capitaine. Il se glissa habilement parmi les passagers, prêt à saisir l'occasion de délester le jeune homme de quelques-unes de ses richesses.

Une fois les salutations terminées, Marania prit la parole avec l'assurance d'une diva sur scène, captivant l'attention de ses invités avec sa voix cristalline. "Mes chers visiteurs, bienvenue à bord du majestueux Disk-O, joyau des mers et fierté de mes aventures ! Vous êtes ici pour découvrir la magie de cet océan et la splendeur de notre navire, et je suis enchantée de vous guider dans cette exploration."

Elle désigna d'un geste gracieux le pont du navire, invitant ses invités à admirer les planches de bois de frêne qui recouvraient le sol, leur expliquant avec enthousiasme les qualités exceptionnelles de ce bois précieux. "Regardez autour de vous ! N'est-ce pas merveilleux de voir la clarté du bois de frêne, symbole de robustesse et d'élégance ? Et ces décorations bleues qui ornent chaque coin du pont, évoquant les reflets magiques de l'océan ?"

Les visiteurs s'émerveillèrent devant la beauté du navire, suivant les glissements de Marania avec émerveillement. Pendant ce temps, le matelot rusé s'approcha discrètement du jeune homme fortuné, prêt à mettre en œuvre le plan de sa capitaine. Marania observa la scène avec satisfaction, savourant le spectacle de son navire et de son équipage en action. Elle se sentait vivante et vibrante, comme une diva sur la scène du monde, prête à chanter sa propre légende aux quatre vents de l'océan.

L’abyssale remarqua également la jeune femme à la peau pâle et aux cheveux bleus parmi ses invités, une lance trop grande pour elle, mais une expression fatiguée et désabusée qui ne correspondait pas à l'attente d'une simple visite. Intriguée, Marania s'approcha d'elle avec un sourire courtois, son regard pétillant d'intérêt. "Ma chère, vous semblez porter un fardeau bien trop lourd pour une simple visite de plaisir. Vous êtes-vous déjà aventurée sur les mers tumultueuses ?" interpella-t-elle, curieuse de percer le mystère qui entourait cette étrange visiteuse.

Elle se présenta avec une élégance digne d'une diva, attendant avec impatience la réponse de la jeune femme, prête à découvrir le récit qui se cachait derrière ce visage fatigué.

Songe tapota légèrement sa hanche une fois qu'elle remarqua l'homme se déplacer aux extrémités du public. Elle n'écoutait les exclamations de l'abyssale que d'une seule oreille et son attitude désintéressée lui avait permis d'attraper les mouvements du pirate du coin de ses yeux. Elle s'était soudainement mise à craindre pour sa propre 'fortune' qu'elle eût la chance de toujours sentir être attachée à sa taille et cachée sous sa longue cape. Elle soupira, l'esprit aisé que ses trois pièces d'or soient en sécurité. Un maigre pactole qui pouvait acheter une infinité davantage que si elle n'avait plus rien. Une pensée qui avait fait bondir son coeur pour deux instants mais revenant à ses esprits, elle porta à nouveau son attention sur l'Abyssale.
Pour le moment, elle se remit à suivre le fil du discours et son regard se déporta sur les planches du vaisseau une fois qu'elles furent mentionnées. La serpente se demanda pourquoi elle les avait regardés, il s'agissait juste de morceaux de bois, certes jolis et bien entretenus mais pas assez pour qu'elle ne se retrouve pas l'esprit vagabondant peu après. Songe se détourna à nouveau de la locutrice. La femme aux cheveux azurs maintenait une expression nonchalante, seuls ses yeux qui étaient incapables de se focaliser ressortaient, la lumière d'Ishtar leurs donnait la couleur de l'ambre et faisait ressortir l'ombre du fond de ses iris, les peignant d'une pronfondeur mystérieuse et égarée à l'image de ses songes. La Naga n'était toujours pas impressionnée et elle n'écoutait plus à nouveau.

Et ce quand bien même Songe notait la vibrance et la splendeur de la dame. Il était difficile de passer à côté du caractère spectaculaire de Marania. Mais l'Ophidienne était enfermée dans son propre monde et la présentation n'était rien de plus qu'une distraction, bienvenue mais à laquelle elle n'arrivait pas à porter d'intérêt particulier. C'était surtout le produit de la fatigue et des maux qui travaillaient la femme serpente, peignant le personnage sous une lumière lassée et inattentive mais inoffensive.
La Naga releva la tête et regarda autour d'elle, elle avait perdu de vue le pirate qui s'était attelé à rôder autour des invités. Une pensée qui lui échappa l'esprit aussi rapidement qu'elle était venue, tant qu'elle ne prit pas la peine de vérifier que sa bourse soit bien toujours là. Sans compter que l'Abyssale s'avançait dans le public, les yeux bilieux de Songe se retrouvaient plongés dans les rouges de l'autre femme. Il s'agissait d'un regard passant et sans intérêt qui devint légèrement paniqué dès lors que la serpente remarqua que l'Abyssale ne détournait pas son regard du sien.
La Naga ne s'était pas attendue à se retrouver au centre de l'attention et elle en chuta presque en arrière, se rattrapant d'un mouvement rapide de son pied droit et surtout en s'appuyant sur les personnes derrière elle qu'elle ne manqua pas de presque faire tomber elles-mêmes. Ce qui créa une petite commotion dans le public, surtout sur ceux aux extrémités qui n'avaient personne sur qui s'appuyer pour ne pas tomber.

L'attitude de la serpente contrastait fortement avec celle de l'Abyssale. L'une était passive, ennuyée et à l'esprit absent alors que l'autre débordait d'assurance et semblait se délecter de se retrouver face à un public qui la faisait vivre sur le moment. L'une se retrouvait hésitante, sentant tous les regards se plonger sur elle et serrant les dents face à un stress montant alors que l'autre portait toute l'élégance d'une diva, aux mouvements élégants et qui semblait s'énergiser du regard des autres.
Sauf que la serpente n'était pas une trouillarde, elle ne resterait pas muette devant autant de personnes. Qu'en penseraient-ils sinon, elle avait une fierté à garder. Une énergie qu'elle puisa dans la basse colère qu'elle sentait naître en son sein, venant de son inconfort et de la volonté de ne pas s'imbéciliser devant autant d'yeux. Et ce sans pour autant laisser sa colère apparaître, sauf pour une étincelle dans ses yeux qui pouvaient passer pour de la détermination. – « Hmmm, moi ? Ouais, j'ai été mieux mais je cherchais juste à passer le temps. Et, oh, ouais, quoi que jamais si loin des côtes quand j'y pense. » – Son éloquence contrastait avec sa prestance physique minable, Songe était bonne maîtresse de sa voix. Sa voix seule la ferait presque passer pour tranquille et désintéressée. Puis au-delà de la colère et de l'anxiété qui la motivait il y avait aussi de l'orgueil, la serpente tenait aux apparences et elle savait se mettre en scène, sa maladie soit damné.

La réponse de la jeune femme intrigua Marania, qui observa attentivement ses traits fatigués, mais déterminés. Elle sentit un frisson d'excitation parcourir son échine alors qu'elle percevait une lueur d'intérêt dans les yeux de cette visiteuse singulière.

"Ah, mais voyager près des côtes peut être tout aussi enrichissant ! Chaque voyage est une aventure en soi, n'est-ce pas ?" répliqua la cantatrice avec un sourire complice, partageant un instant de connexion avec la jeune femme.

Elle ne put s'empêcher de ressentir un brin de déception en constatant que cette dernière n'avait pas encore eu l'occasion de s'éloigner plus loin en mer. Pour Marania, les horizons lointains étaient comme des pages à tourner dans un livre infini, sources de découvertes et de connaissances inestimables.

Pourtant, elle se reprit rapidement, réalisant que chaque âme avait son propre cheminement à suivre, et que peut-être un jour, cette jeune femme trouverait le courage de s'aventurer plus loin en mer, de découvrir les mystères qui attendaient au-delà de l'horizon.

Laissant de côté ses pensées, la demi-murène reprit la parole avec enthousiasme pour poursuivre la présentation du Disk-O à ses invités curieux.

"Mes chers amis, laissez-moi vous raconter l'histoire du Disk-O, fier membre de la flotte officielle de la faction pirate ! Bien qu'il ne soit pas un vaisseau de combat, il a traversé de nombreuses mers et océans, portant en son sein des récits de bravoure et d'aventure. C'est un navire de voyage, mais aussi un lieu de célébration en mer, où chaque instant peut devenir une fête sous le ciel étoilé."

Les visiteurs écoutaient avec attention les paroles enchanteresses de Marania, captivés par les récits de voyages et d'exploits marins. Pendant ce temps, le matelot rusé dont elle avait fait signe plus tôt revint discrètement vers elle, un sourire satisfait aux lèvres, la bourse d'or qu'il avait subtilisée précieusement dissimulée dans sa poche.

La diva lui lança un regard complice, reconnaissant le succès de sa mission. Elle savait que les richesses ainsi acquises serviraient à maintenir le navire en parfait état, prêt à affronter les défis de la mer et à accueillir de nouveaux visiteurs en quête d'aventure.

Elle continua à guider ses invités à travers le navire, leur dévoilant les quartiers d'équipage, la salle des fêtes, et même la cabine du capitaine, où trônaient des trésors ramenés des quatre coins du monde. À chaque instant, Marania rayonnait de fierté, partageant avec ses visiteurs la magie qui animait chaque recoin du Disk-O.

À la fin de la visite, l’Abyssale s'approcha de la jeune femme à la lance trop grande avec un sourire chaleureux illuminant son visage. Elle posa une main délicate sur son épaule, sentant le poids de son fardeau invisible.

"Ma chère, je sens que vous portez un fardeau bien lourd sur vos épaules," commença-t-elle d'une voix douce et compatissante. "Mais souvenez-vous, la mer a le pouvoir de guérir les blessures de l'âme. Si jamais vous ressentez le besoin de vous évader, de trouver un refuge loin des tracas de la terre, le Disk-O sera toujours prêt à vous accueillir à bord."

Elle lui offrit un regard empli d'encouragement et de compassion, espérant lui insuffler un peu de courage pour embrasser l'aventure qui l'attendait au-delà de l'horizon.

"Puisse la mer vous apporter la paix et la liberté que vous cherchez, ma chère. Les portes du Disk-O vous seront toujours ouvertes," ajouta-t-elle avec un sourire encourageant, avant de la laisser méditer sur ses paroles, prête à accueillir de nouveaux horizons avec la promesse d'un avenir plus lumineux.

« Je... Suppose, oui. Les côtes ne sont pas le pire des endroits où aller. » – La Serpente avait répondu le moment où la question lui avait été posée, elle était toujours poussée et pressée par l'attention de publique qu'elle sentait peser sur elle. Quand bien même cette pression était auto-infligée, elle avait à cœur de se montrer fière et confiante. Mais même malgré la façade qu'elle affichait, elle n'avait pas pu s'éviter d'hésiter en donnant sa réponse.
Ce n'était pas que la question avait été difficile mais plutôt qu'elle n'avait jamais prise le temps de refléter sur ses voyages. Ceux-ci n'avaient jamais été qu'un moyen d'atteindre ses buts. Songe avait toujours eu le regard porté sur la récompense et non sur les chemins qu'elle empruntait. Puis elle avait toujours été une vagabonde plus qu'une aventurière, ne payant pas attention aux lieux qu'elle avait traversés. Dans ses souvenirs, ils se mélangeaient tous dans des tintes grises indistinguables les unes des autres. Seuls certains comme les marais ou Lédéhi l'avaient marqué. Cette brève pensée se reflétait dans le regard de la Naga mais fut vite remplacée par une autre. Un bouillonnement intérieur parce qu'elle ne pouvait pas arrêter de penser à son hésitation.
Elle serrait les dents. Elle se sentait affichée devant le public du navire et elle se sentait stupide quand bien même les personnes autour d'elle avaient déjà oublié cette banalité. À nouveau, malgré les masques qu'elle portait, elle ne pouvait pas s'empêcher de pousser ses propres insécurités sur les autres. Il était également difficile pour Songe de ravaler son orgueil démesuré mais elle ne pouvait pas se permettre de se ridiculiser davantage. Elle n'allait pas se permettre de devenir violente ou enragée devant tous ces gens. Puis même si sa mâchoire s'était contractée sous la fureur, sa flexion était à peine visible et le masque nonchalant qu'elle portait depuis plus tôt ne tomba donc pas. Seul son regard trahissait ses troubles intérieurs, la Serpente ayant des difficultés à garder ses yeux sur ceux de Marania. Gênée, elle ne pouvait pas s'empêcher de regarder sur le côté par moments.

Elle souffla une fois que la visite du navire se poursuivit, l'utilisant pour s'échapper de l'attention des personnes et pour redevenir une inconnue dans la foule. Sinon, la Naga était toujours désenchantée mais elle continuait de suivre la visite au fil des salles et des vues à prendre. Il était difficile de savoir ce qu'elle en pensait, ses yeux ocres se retrouvaient parfois à fixer attentivement ce que la Pirate pointait avec fierté alors que d'autres fois, l'ambre de ses yeux se perdait sur un détail insignifiant du navire et elle se plongeait à nouveau dans ses pensées. L'attitude de Songe continuait à osciller arbitrairement.
Il n'y avait qu'une seule chose qui avait changé depuis qu'elle était montée sur le bateau. La Naga avait gagné une forme de respect pour l'Abyssale, même s'il était difficile de le percevoir comme tel. L'air désintéressé de la femme aux cheveux azurs cachait un occasionnel effort d'écoute. Mais sa nonchalance et son manque d'attention passerait quand même pour une froideur. Une sympathie que la serpente cachait au plus profond de son cœur.

Maintenant que la visite s'était terminée et qu'ils étaient de retour sur le pont, Songe portait son regard vers la planche qui l'avait amené sur le bateau. Elle pensait déjà à descendre mais se demandait ce qu'elle ferait une fois qu'elle rejoindrai les rues d'Ishtar. C'est parce qu'elle était à nouveau perdue dans ses pensées que la main de l'Abyssale atteignant son épaule fit sauter la Naga. Elle n'était pas habituée à être touchée et n'aimait pas particulièrement les familiarités, la gêne s'affichant clairement sur son visage qui se froissa légèrement. Mal à l'aise sans pour autant être en colère ou apeurée. Mais il y avait toujours ce respect. Songe aurait habituellement affiché son stress ou dégoût plus ouvertement mais elle se détendit rapidement. Même sans être de l'amitié, il semblait à Songe qu'elle avait tissé un lien sans nom avec l'Abyssale – « J'pense que mon âme est bonne. C'est plus le corps qui m'embête. »

Puis soudainement, Songe se figea et se mit à réfléchir aux mots de l'autre. Songe avait répondu à ses mots de manière littéral mais elle se demandait aussi si Marania ne sous-entendait pas que son affliction physique prenait son poids sur son psyché. Elle imagina même un instant que l'Abyssale était en train de la moquer, l'Ophidienne était particulièrement insécure face à ses sentiments. Il y avait tant de troubles au sein de la serpente qu'elle ne savait pas quoi penser.
Puis vint cette compassion. Des mots d'encouragements qui aidèrent Songe à voir au travers de la tempête qui la dévorait de l'intérieur. Enfin, elle était à nouveau capable de poser ses yeux ambres, calmés et plus doux, sur ceux de Marania. Elle pouvait à nouveau la regarder sans gêne.

« En fait, il y a quelque chose que j'aimerais demander. Si je pouvais être déposée quelque part, pas trop loin d'ici ? » – Elle détestait demander de l'aide et elle le fit timidement. D'autant plus que ce qu'elle demandait n'était pas un de ces petits services. Songe montrait une timidité à laquelle était mélangé un agacement. Sauf que la Naga se trouvait face à un mur et elle ne laisserait pas passer une opportunité comme celle-ci. Elle avait besoin d'aide et elle oserait demander. – « Il y a des cavernes non loin d'ici, l'entrée peut être atteinte par la mer. C'est aussi plus simple comme ça que d'y aller en marchant. J'aimerai m'y rendre. »