Les cris et les tintements de métal résonnaient à l'unisson. Les esclaves n'avaient pas fini d'abattre leurs courroux, ils se battraient jusqu'à la mort mais leur camp subissait des pertes. La mutinerie devait rapidement finir en leur faveur ou bien la rage allait s'épuiser, le mouvement de masse s'essouffler et la tendance s'inverser. Rowtag était porté par cette énergie rouge sang, il en para toute l'étendue de sa face. Elle dégoulinait le long de son corps tailladé de part et d'autre. Il suintait cet esprit vengeur, en arborait tout les atours.

Le visage ensanglanté du diable ne fit pas frémir le trafiquant qui lui faisait face. Probablement poussé par une loyauté excessive, ce dernier fonça net sur lui, lame en avant. Au prix de se prendre la pointe de l'épée sur son épaule, le djöllfulin fut en mesure de dévier sa trajectoire, sauvant son coeur in extremis. Il grimaça un instant, mais la douleur ne fit qu'accentuer la flamme dans ses yeux. Un geste vif mit un terme à cet élan de loyauté : le couteau malicieux du cornu crut bon de répondre par une attaque identique, avec efficacité cette fois-ci, et vint détraquer le système sanguin du matelot. Son corps s'effondra en inondant le plancher.

Sur le reste du pont aussi des effusions de sang explosaient. Les choses allaient si vite, d'autres meurtres éclataient. Ziggy était sorti de sa transe mystique qui n'avait eu, au final, que peu d'incidence contrairement à ce qu'elle laissait présager. Il était même rendu, armé d'une seule rapière, à devoir faire face à plusieurs ennemis.

Les impulsions nouvelles qui les relient désormais et faisait celui, sinon un futur ami, un sorte de frère d'arme, poussait Rowtag à vouloir se faufiler un chemin et tenter de la sortir de ce pétrin. Néanmoins, les différents obstacles qui lui barraient la route étaient amplifiés par ses multiples blessures sur son corps. La détermination et le refus de la mort, qui planait au dessus d'eux, affamée, attendant patiemment qu'une lame maligne, qu'un projectile maladroit, ait raison de l'un ou de l'autre, le poussait également à la concentration et la prudence la plus extrême à chacun de ses pas. Par dessus tout, une rage encore en ébullition le poussait à s'attarder sur chaque trafiquant que ses yeux rencontraient. Chaque coups qu'ils portaient à l'encontre des esclaves le faisait trembler instantanément de haine, et, poussé par de telles extrémités, il n'était pas concevable d'aller aider le poète sans s'assurer que, par exemple, ce PUTAIN d'ENFOIRÉ de ses MORTS qui tabassait un adolescent famélique ait encore la possibilité de respirer une minute de plus.

Mange, mange, faucheuse.

[Abat trafiquant C]

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'Attaque - Djöllfulin' :