Aujourd'hui on chasse le lapin !

Visiblement, le discours du Löwen n'avait pas eu grand effet sur les Rabclaws. À peine les deux aventuriers étaient-ils sur pieds que les rongeurs se lançaient sur Urua, le renversant et le martelant de coups comme une armure Hyno récalcitrante. Il n'eut pas le temps de voir grand chose pendant les premiers instants tant l'attaque était soudaine et violente. Il luttait contre la douleur, contre les chocs incessants de leurs gourdins et de leurs pieds et poings contre son armure et ses muscles.

Soudain, il sentit la neige dure sous ses pattes, après ce qui lui parut une éternité à se faire rouler dans tous les sens et malmener. Il donna une énorme poussée, s'aidant de la force de ses épaules et décolla presque, emmenant ses adversaires avec lui, les projetant autour de lui, ce qui le libéra pour au moins un moment.

Pendant cet instant de paix, il put observer brièvement son compagnon humain entrain de lutter avec ses propres adversaires, puis, vision étrange, une panthère se jeta sur un des archers. Ce qui fut encore plus étrange fut l'arrivée d'une créature enchanteresse, habillée comme une apparition des cieux et qui s'adressa aux lapins sur un ton empreint d'une autorité qui donnait l'impression qu'elle avait l'habitude qu'on lui obéisse. D'étrange en bizarre, elle semblait parler de son mari. Urua s'en serait rappelé s'il était marié, d'autant plus à une telle vision. Il en déduit donc qu'elle parlait de l'humain qui l'accompagnait.

Soudain, alors qu'il était tout juste entrain de réaliser ce qu'il était entrain de se passer, des ronces sortirent du sol, apparemment à la demande de la jeune beauté et enserrèrent tous les adversaires présents. Voilà un pouvoir intéressant. Il serait bien pratique comme pouvoir dans Sylfaën, Urua allait penser à le suggérer à l'institut des mages pour qu'ils réfléchissent à intégrer ce genre d'avantage aux uniformes des membres de la Garde Zéphyr.

- S'il vous plaît, essayons de garder notre calme ! Ma chère, vous les tenez. Vous n'aurez pas à les tuer.

La tentative de persuasion était faible certes mais il fallait dire qu'Urua était encore sonné de s'être pris la moitié de la civilisation Rabclaw sur le poil et il espérait qu'il ne faudrait pas insister trop longtemps pour qu'elle comprenne que décimer une douzaine de créatures alors qu'elles sont impuissantes n'était pas vraiment charitable.

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Aujourd'hui on chasse le lapin !

Avant même que les ronces n'immobilisent tous les lapins, l'un d'entre eux tenta tout de même une dernière action désespérée. L'archer qui avait survécu encocha une flèche et la pointa tant bien que mal dans la direction de la panthère, comme au ralenti.

Urua reconnut la menace rapidement et se précipita sur la trajectoire du projectile. Il pensait simplement pouvoir dévier le tir ou l'arrêter totalement contre son armure épaisse, compte tenu de la gêne de l'archer, le coup ne serait pas extraordinairement puissant. Heureusement, il fut assez rapide pour l'intercepter. Malheureusement, il ne fit pas qu'arrêter l'attaque.

Avec le mouvement, la tête de la flèche heurta une épaulière et ricocha dans une gerbe d'étincelles, droit dans la direction d'où elle venait et, grâce à la vitesse du déplacement du Löwen, gagna énormément en force et en vitesse lors de son retour. Elle fila si vite qu'on ne la vit presque pas passer et alla se ficher dans la fourrure souple et douce se situant entre les deux yeux du Rabclaw.

Urua se désespéra de cette ironie. Lui qui voulait les épargner et qui n'avait réagi que par réflexe pour sauver une nouvelle vie en avait encore pris une. Ça le motivait d'autant plus à vouloir sauver ceux qui avaient échappé au massacre.

D'ailleurs, un point auquel Urua n'avait pas prêté attention jusque là était l'état d'esprit de son compagnon humain que les derniers événements semblaient avoir grandement perturbé. L'arrivée de la dryade, de la panthère et les attaques répétées des Rabclaws sur cette dernière l'avaient plongées dans une rage indescriptible. Le Löwen s'en aperçut heureusement avant qu'il ne perde totalement le contrôle.

Il se précipita donc à nouveau, mais cette fois-ci dans la direction de son compagnon de combat, posa une patte énorme et velue sur son épaule et tenta de le raisonner par des paroles douces, très semblables à son ronronnement qu'il savait apaiser les âmes en peine et fit de son mieux pour ne pas paraître menaçant. Il ne manquerait plus qu'il devienne la cible de sa cousine animale, de son nouveau frère d'arme et de la terrifiante créature sylvestre et de ses pouvoirs destructeurs.

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