Après avoir passée un long moment dans la savane, en bordure du désert de Harena, Hevoria entreprit de remonter plus au nord, bien plus au nord. Au-dessus des plaines d'Aran, derrière les imposantes et menaçantes montagnes de Kanaan, se trouve un territoire particulièrement inhospitalier, tranchant radicalement avec la savane de Harena : la banquise. Le nord de la banquise est complètement gelé, faisant de la région une zone quasi-désertique sans grand intérêt. En revanche, le sud de cette même région à un environnement s’apparentant à une toundra arctique, offrant un cadre idéal pour la chasse. Le climat extrêmement rigoureux qui règne en ces terres et le premier facteur qui fait de cette région l'une des plus dangereuses du continent. Neige, glace, blizzard, relief et eaux gelées s'y conjuguent et rendent l'exploration particulièrement difficile pour toute personne s'y aventurant. Le second facteur, et non des moindres, est le bestiaire. Ce dernier est à l'image du climat de la banquise, froid, puissant, mortel. Là encore, de nombreux aventuriers sont tombés face aux redoutables créatures peuplant ces contrées.

Ce qui a poussé la jeune femme à un si long périple en ces terres enneigées est la présence d'un type tout à fait particulier de rhinocéros, à savoir le rhinocéros laineux. Ce dernier possède une épaisse fourrure, recouvrant une peau relativement résistante aux assauts. Mais si cette dernière se trouve être moins résistante que la peau cuirassée de son cousin de la savane, le rhinocéros laineux est, en revanche, bien plus massif. Sa corne, attribut de défense principal en cas d'attaque, doit être trois à quatre fois plus grande que celle du rhinocéros standard. Cette arme, couplée à une puissance de charge tout à fait dévastatrice pour quiconque se trouverait sur son chemin en fait un adversaire redoutable qu'il convient de ne pas sous-estimer.

C'est donc avec la ferme intention d'ajouter cette créature hors du commun à son tableau de chasse qu'Hevoria s'est rendue à l'extrême-nord du continent Duralassien, au milieu de nulle part. La jeune chasseuse progressait dans les plaines enneigées, parsemées seulement d'une maigre végétation, arbustes et conifères. À chacun de ses pas, le bruissement de la neige se tassant sous ses pieds se faisait entendre, tandis qu'elle avançait difficilement dans l'épais manteau neigeux. Un vent froid et sec sifflait doucement dans les oreilles de la jeune femme, tel un murmure glacial. Le souffle chaud et haletant de la chasseuse provoquait une légère vapeur à chaque expiration. Cet endroit mettait son corps à rude épreuve.

Alors qu'elle était à la recherche d'indice, un bruissement de feuille sur sa gauche la fit brusquement sortir de son analyse du terrain. Hevoria dégaina immédiatement son arc et arma une flèche en visant le bosquet d’où provenait le bruit, prête à décocher. Une goutte de sueur perla sur son front. Soudain, jaillissant des broussailles, un animal vif fila comme l'éclair à travers la blanche étendue. La chasseuse se retint de tirer au dernier moment. Ce n'était qu'un simple renard polaire. D'ordinaire, cela aura pu être une bonne prise. Mais aujourd'hui, la chasseuse avait d'autres priorités et faisait passer le menu fretin au second plan.

Suite à cette brève interruption, la cultiste se replongea dans sa traque au rhinocéros laineux. C'est après plusieurs dizaines de minutes qu'elle remarqua des empreintes massives incrustées dans la neige. Cette fois-ci, il y avait de grandes chances que celui qui avait laissé ces traces soit la bonne créature. La neige était extrêmement tassée à cet endroit, signe que la créature devait peser un poids conséquent. De petites touffes de poils usées par le temps et les intempéries étaient présentes dans certaines des empreintes. Enfin, les traces dans la neige étaient volumineuses, mais pas assez grandes pour être celle d'un mammouth. La chasseuse remonta rapidement le sillage laissé par la créature massive, afin de découvrir où cette dernière se cachait. Elle était sur la bonne piste.

Après avoir marché sur plusieurs centaines de mètres, la jeune femme se jeta précipitamment au sol et s'affala dans la poudreuse gelée de la toundra. Il était là, en contrebas, à quelques mètres d'elle : le rhinocéros laineux. C'était la première qu'Hevoria avait l'occasion d'en observer un. Recouvert d'une épaisse fourrure, l'animal n'avait rien à voir avec son homologue de la savane. Il semblait bien plus imposant, plus robuste, habitué aux rudes conditions climatiques de la Toundra et à la pauvreté des denrées alimentaires. Ce dernier était d'ailleurs en train de remuer le sol avec sa corne afin d'y dénicher quelques herbes enfouies sous une épaisse couche de neige.

Hevoria s'approcha, rampant dans la neige glacée recouvrant la bute sur laquelle elle se trouvait, jusqu'à un amas de buissons fébriles au feuillage persistant. Puis, elle s'immobilisa afin de rechercher un moyen d'appréhender sa proie. Malgré la morsure du froid, la jeune femme attendit, camouflée dans la neige. Les entraînements des mères de la nuit ne se limitaient pas à la maîtrise et au perfectionnement des voies de Kalumbra, mais également à la fortification mentale et physique face à tout type de douleurs. De ce fait, elles avaient formé Hevoria à s'endurcir face aux températures les plus insupportables.

Malgré tout, même le corps d'une création magique à ses limites, et après une bonne vingtaine de minutes à prendre racine dans la poudreuse, la cultiste commençait clairement à ressentir les effets du froid sur son métabolisme. Cependant, son esprit restait clair. Encore une fois, le corps pêchait là ou le mental l'emportait. Elle devait bouger, réchauffer les muscles de son corps afin de ne pas finir congelée, transi par la température glaciale. Hevoria commença à se déplacer quand le rhinocéros se retourna brusquement dans sa direction, forçant la jeune femme à s'immobiliser de nouveau. La créature était aux aguets. Comment avait put-elle la voir ? Pourtant, la chasseuse n'avait fait que très peu de bruit. Le carcan gelé commençait de nouveau à enserrer la jeune femme alors qu'elle ne pouvait se mouvoir, sans quoi la créature s'enfuirait, ou pire, la chargerai.

Le mastodonte respirait fort, dégageant une épaisse et chaude vapeur qui se diffusait en volute de fumée dans les airs. C'est alors qu'Hevoria compris : la créature avait dû voir la vapeur produite par sa respiration alors qu'elle était immobile. Cette dernière saisie alors l'équivalent d'une poignée de neige dans la main avant d'en mettre dans sa bouche. C'était extrêmement désagréable et douloureux. Le froid intense émanant de la neige lui faisait mal aux dents. Une douleur vive et lancinante tiraillait les nerfs de ses gencives. Les muscles de sa bouche étaient engourdis et perdaient peu à peu de leur réactivité, comme tombant dans un sommeil léthargique. Mais cette technique, bien que douloureuse, s'avéra rapidement payante. Le froid de la neige bloquant le rejet de chaleur de la jeune femme, aucune vapeur n'était visible. Cette stratégie fut confirmée par l'action du rhinocéros, qui retourna vaquer à ses occupations après une courte observation.

Cependant, le problème restait entier. Comment approcher le mastodonte, alors en plein milieu d'un paysage immaculé de blanc sans se faire repérer ? Se soustraire au regard de sa proie tout en l'approchant... ou en l'attirant. Les yeux d'Hevoria s'écarquillèrent. Une faible lueur bleutée s'échappa de sa main ; main qu'elle apposa contre le sol gelé de la banquise, éclairant le blanc d'un étrange halo turquoise. Un esprit translucide jaillit de sa paume et se précipita vers le rhinocéros avant de s'engouffrer insidieusement dans son esprit, tandis qu'un léger frisson parcouru l'échine de la créature.

Le rhinocéros laineux grattait le sol à la recherche de nourriture, les denrées étant malheureusement rare dans ce désert blanc. Soudain, un son retenti. La créature se concentra, et semblait distinguer quelque chose de profond, un murmure retentissait en elle. Ce murmure était doux, calme, lointain, envoûtant, il apaisait la créature. Bientôt, elle oublia toute sa méfiance, tous ses soucis, la sensation de faim disparue, l'emprise du froid s'envola. Plus rien d'autre ne comptait, excepté cette voix, qui lui immisça l'idée d'avancer tout droit, toujours tout droit, en direction de ces buissons. Ils semblaient si chaleureux, ils constitueraient certainement un abri de choix afin de s'abriter du vent glacial qui balayait la région. L'emplacement idéal pour une petite sieste... La créature s’exécutait, hypnotisée par l'influence de l'esprit, et atteignit les arbustes.

C'est alors que la chasseuse bondit, dague en main et se jeta sur la créature. Cette dernière, encore dans un état léthargique, ne comprit pas immédiatement cet enchaînement d’événements fulgurants, alors qu'il y a quelques secondes, tout était si calme et apaisant. Le temps de revenir à lui, le rhinocéros avait déjà tout les tendons sectionnés et tomba au sol lorsque l'information atteignit son cerveau, ordonnant aux muscles de s'affaisser. Le mastodonte à quatre pattes s'affala avec fracas sur le sol, tête en avant tandis qu'un barrissement lancinant retentissait. Ne pouvant dorénavant mouvoir que ses yeux, la créature aperçue comme dernière image un crâne de démon, armé d'une dague aiguisée. Dague que l'étrange créature enfonça fermement dans le crâne de l'herbivore.

Le rhinocéros abattu, la jeune femme put enfin se dégourdir les membres, ankylosée par des dizaines de minutes d'attente dans le froid. Elle empoigna sa dague et s'attela à la découpe de la créature afin d'exercer et réchauffer son corps. Jamais elle n'avait été aussi contente de dépecer une proie. Chaque mouvement qu'elle faisait revigorait son corps, chaque incise qu'elle pratiquait défroissait ses muscles, chaque flexion fluidifiait ses articulations. La chair la nourrirait, corne et peau seraient vendu. Quant aux abats, conservés dans de la neige, ils serviraient d’appâts pour de futures séances de chasse dans la région. Il ne lui manquait dorénavant plus qu'un feu et un endroit ou passer la nuit qui commençait à tomber.

Hevoria retourna auprès des arbustes qui lui avaient servi à se dissimuler et récupéra l’équivalent d'un fagot de bois. Puis, elle dénicha un abri convenable, une petite alcôve dans un espace rocheux, à l'abri du vent et des autres intempéries. Enfin, une légère décharge de magie chaotique sur le petit-bois entassé suffit à l'embraser. La chaleur du feu réchauffa son corps transi tandis que les flammes du brasier faisaient rôtir un morceau de viande de rhinocéros fraîchement abattu. Elle s'empressa de sortir une grande fourrure noire et soyeuse de son sac avant de s'emmitoufler à l'intérieur. Seule, loin de toute civilisation et agitation, au milieu de nulle part, avec la voûte céleste comme couverture et confidente. Cette quiétude, cette sensation de liberté. Cela lui plaisait plus que tout...

La nuit battait toujours son plein, et comme les deux amis vampires revenaient de leur excursion en la forêt de Sapins, la trace spirituelle que Styx avait trouvée dans l'esprit du cadavre Nox les avait menés jusqu'à dans les savanes qui abritaient les rhinocéros laineux.

À dos d'Idiotausaure, ils déboulèrent en un petit lac lac interne à la savane. Styx était en transe et paraissait regarder avec attention un quelconque point fixe, loin à l'horizon, pourtant invisible aux yeux du singe.
Lorsque la monture s'arrêta et qu'ils en descendirent, Alphonse n'eut pas le temps d'interroger son ami sur l'origine de son regard perdu. Le vampire avait déjà filé, à quatre pattes, comme une ombre. Vif et mortel.

Fonçant à son tour, le petit singe perdait du terrain. L'arlequin paraissait possédé par sa magie. Il bondissait, griffait, slalomait, esquivait.
- Hééééé! Oooh! Attends! Hurlait-il, dans le vide. Rien ne semblait pouvoir stopper la course de l'arlequin, véritable vent multicolore qui soufflait, à toute allure, sur la savane.

Styx devait l'attraper. C'était crucial. Crucial.

Tandis qu'Alphonse essayait d'arriver au niveau de la furie qu'était devenue son compagnon, il entendit une énorme détonation. Comme si une grenade, ces inventions technophiles, avait explosé près de lui. Il eut un mauvais pressentiment.
Accélérant au maximum qu'il le put, il arriva en quelques instants à l'endroit de la déflagration. Aucun signe de Styx. En revanche, un énorme Rhinocéros présentait de nombreuses blessures et étaient visiblement très agité, il courait en beuglant, un cadavre de technophile embroché sur la corne.
Lorsqu'il vit le petit singe il lui fondit dessus.
La petite bête esquivait tant bien que mal, mais son énergie avait déjà été entamée par la poursuite du vampire, et bientôt, épuisé il alla se poser sur une branche, en hauteur. Où étais l'arlequin?
Cette dernière pensée fut chassée de son esprit tandis qu'il tombait, synchronisé à la chute de son arbre, détruit par la charge de la bête furieuse. Il allait sûrement y rester.

Styx l'avait! C'est bon! C'est bon!

Le petit singe avait le dos broyé par un morceau de bois, et le rhinocéros rapprochait sa corne de lui.
Il la plaça sous le coup d'Alphonse, hurlant à la mort.
Il allait mourir une deuxième fois, ben voyons.

Une carte trancha la corne de la bête, tandis qu'une ombre se jetait sur son dos, scalpant la chaire dors et déjà meurtrie. Le rodéo sanguinaire dura quelques instants, avant que la créature sauvage ne s'écroule, vidée de son sang.
Styx entreprit donc de démembrer le rhinocéros.

- T'étais parti où bon sang! Ça va pas de filer comme ça?!
- Désolé... j'ai...
- Vu un indice pour la traque aux vampires, c'est ça? Je comprends. T'es arrivé à temps c'est l'essentiel.
Styx sortit alors l'objet qu'il était partit chercher de sa poche. Un papillon luciole, insecte rare dont les ailes brillaient de milles couleurs électriques.
- C'ÉTAIT ÇA QUE TU REGARDAIS DEPUIS NOTRE ARRIVÉE? ESPÈCE DE GROS MALADE! J'AI FAILLI MOURIR POUR UN PAPILLON?
- En plus il est mort quand j'ai accouru à ton secours. T'es vraiment naze comme compagnon, de A à Z.

Ils repartirent, tous les deux, Styx riant gaiement et Alphonse, quelque peu inquiet.

Il y avait de cela longtemps que la lumière ne baignait plus la chambre de Styx. Ses pupilles étaient toutefois parfaitement adaptées à un tel style de vie, là, dans le noir, il était maître. Depuis sa transformation, il y a de cela des lustres, les ténèbres étaient ce qui éveillait son corps. Ses cinq sens, ses pouvoirs, ses moindres muscles, tous répondaient à l'appel nocturne. Un appel cruel et sauvage qu'il savait savourer.

Ce soir là, il canalisait toute cette mélopée empirique en une seule et unique tâche. Retrouver la trace spirituelle d'Emile Nox. L'une des quatre vampires dissidents ayant décidé de fausser compagnie à Siegfried, "Fils de l'Originel", pour envahir SON territoire. Grossière erreur.
De la noirceur jaillie un feu follet, bleuâtre, et aux formes cartoonesques, puis un autre, et un autre, jusqu'à ce que des centaines de petites boules bleues envahissent la pièce. Ils étaient la matérialisation de certains esprits que Styx avait mangés. Ceux à qui il restait un peu d'énergie magique, et qui en cette soirée totalement noire, allaient lui servir de torches.
Il agita une main gantée, et ses griffes jaillirent.

«Mostrae i'camin, ouï'a'spirit»

Les flammèches voletaient, et semblaient valser joyeusement en cette pénombre absolue. L'incantation les fit se bousculer. Toutes s'entrechoquèrent, se rencontraient, fusionnaient, jusqu'à ce qu'il ne resta qu'une masse informe, presque liquide, brillant d'un azur fluorescent, qui gisait au sol.

«Mostrae a'Emile Nox»

La masse n'eut aucune réaction immédiate. De longs moments s'écoulèrent avant qu'elle ne se mit à vrombir, ronronner presque. Vibrante, elle gagna deux jambes en se relevant, et deux bras tandis qu'elle plongeait une tête encore en formation en direction de l'arlequin. Un visage féminin se dessina, coulant et pâteux.
«- Suis-moi Maître... La voix de la chose s'apparentait plus à un gargouillement qu'à une réelle articulation, mais Styx s'en fichait, c'était là un sort extrêmement délicat à manier et il l'avait exécuté à la perfection. Il était fier.
Son homoncule spirituel se déplaçait lentement, d'un pas traînant et néanmoins aérien, comme s'il flottait plutôt qu'il marchait.
Alphonse, qui, suite à l'ordre de son ami, sommeillait dans le salon de l'étage inférieur s'éveilla juste à temps pour suivre cette étrange apparition fantomatique qui semblait guider son ami. Ses ailes, mais surtout l'allure saccadée de la chose, lui permirent de rattraper très vite l'arlequin. Il s'assit sur son épaule et murmura à son oreille.
- C'est quoi ce truc, un nouveau joujou? Il regardait la masse avec inquiétude, sans doute par peur que Styx n'en soit pas l'instigateur et qu'il se soit, comme à son habitude, fourré dans une affaire de perte de contrôle.
Contre toute attente, ce fut l'homoncule chimérique qui répondit, sans tourner sa tête inarticulée.
- Non. Je suis... une confiture d'âmes... Nous sommes... un mélange.
- Ok. Ok. D'une c'est vachement flippant, de deux, ça n'a aucun sens.
- Prête attention, petit être... le mystique pourrait bien renfermer la réponse à... tes questions. Son étrange interlocuteur marquait souvent des pauses dans ses discours. Respirant (?) difficilement.
- Je n'ai aucune question.
La bête bleue c'était cette fois-ci retournée, pour afficher un visage où seul un énorme sourire de requin trônait.
- Nous avons tous des questions... L'absence de questions devrait te faire t'en poser...
- Lachlan? Ta bête est foutrement bizarre.
- Non, je la trouve très bien moi. Elle parle et tout. On pourra peut-être jouer aux cartes avec. T'en penses quoi... Métamorfy. Ça te vas comme nom Métamorfy?
- Tout ce que vous voudrez... Maître.

Cette discussion s'était passée tandis qu'ils sortaient de BaldorHeim, Alphonse n'avait pas remarqué qu'ils n'avaient mystérieusement croisé personne. Fruit du hasard? Non, la chose empruntait des routes qu'ils n'avaient jamais foulées. Elle paraissait bien plus intelligente que son aspect gélatineux le laissait présager.
La chose la plus étrange qu'Alphonse n'ait vue aujourd'hui se produisit. (Il ne peut affirmer que ce soit "la chose la plus étrange de tous les temps" car il vit avec Styx)
Lorsqu'il cligna des yeux, il était toujours sur l'épaule de son ami, mais dans la Savane où quelques jours auparavant, ils avaient chassé un stupide papillon lumineux.
Un éclair le traversa.
Le papillon bleu.
La créature spirituelle.
Styx... ?!

Comme s'il avait lu dans les pensées du petit Singe, l'arlequin le dévisageait avec une expression énigmatique. Mi-amusée, mi-défiante. Il avait donc comprit. Rien n'est jamais laissé au hasard... Dame Fortune et ses voies sont impénétrables! AHAHAHA!

Leur guide chimérique continuait sa route, ne se souciant de rien. Les branches traversaient son corps qui semblait pourtant si solide, les racines n'entravaient pas ses pieds qui laissaient pourtant une traînée étincelante derrière eux. Les yeux d'Alphonse étaient hypnotisés.

- Fais attention. Les feux-follets... ont la réputation d'attirer les hommes perdus dans les marais et de les pousser à la noyade. Reste concentré... ou caches-toi sous son bonnet, Maître n'a pas envie que tu deviennes fou...
Il hocha la tête, mais ne put détourner son regard. Il escalada donc machinalement l'épaule de Lachlan avant de se mettre sous son chapeau. De là, tout lui parut s'évanouir. Les couleurs pourtant si vives il y a quelques instants étaient devenues fades, et un goût âcre ornait sa bouche... Comment son ami supportait-il cela?
Mais au fond, dans ses abysses de l'esprit où personne n'ose fouiller, Alphonse savait comment. Styx ne gérait plus ce poids il y a longtemps. Parce qu'un mental mort ne peut mourir.

Styx continuait à suivre sa création, et depuis quelques secondes il se disait que c'était bien beau d'avoir créé un limier spirituel parfait, il était quand même lent le bougre, et surtout on commençait à s'emmerder sévère là!
- Bon, tu peux pas aller plus vite?
- Comme... vous le voudrez.
Et la fumée bleue disparut en une colonne brumeuse avant de s'engager à toute vitesse, sillonnant les troncs. Styx éclata d'un rire aiguë. Suffisait de demander!
À son tour, il accéléra, tant et si bien qu'il sentit Alphonse s'agripper à ses cheveux. Il bondissait, d'arbre en arbre, de tronc en tronc, esquivant, toujours plus vite, toujours plus fort. Jusqu'à arriver à destination.

Un coin perdu, un coin qui ressemblait à tous les autres coins de cette interminable jungle. Lorsqu'il arriva, il assista cependant à un spectacle des plus étranges. Son homoncule "avalait" un rhinocéros. Ou plutôt, se mélangeait à lui.
La bête rugit de la voix des Esprits. Cela fit tomber Alphonse dans les vapes. Styx comprit ce qui s'était passé; il avait sous-estimé sa cible. Emile Nox était décidément quelqu'un qu'il allait adorer étriper.
- Elle t'a corrompu hein? Mais alors ça veut dire qu'elle était là il y a quelques instants...
Il affûta son regard jusqu'à voir les magies alentours. L'une d'entre elles lui était inconnue, usant de ses pouvoirs, il la "saisit". C'était comme un fil, qu'il suffirait de suivre par la suite, jusqu'à son utilisateur.
En bref; cette catin allait mourir.

Mais il lui restait une barrière à son dessein meurtrier, et c'était sa propre créature. Le rhinocéros le regardait avec une expression humaine.
- Nous... Esprits... tu nous as enfermés... maltraités... usés... Nous allons te tuer... nous libérer.
Il chargea avec la férocité de milles de son espèce.
Mais pas assez féroce pour un vampire, sautant au-dessus de la bête, il écorcha tout son dos en profitant de son élan pour se servir d'une carte comme tranchoir. Du sang en jailli, en même temps qu'une plainte atroce, dissonante. Mais dans son action, il n'avait pas vu qu'une liane bleu et visqueuse lui avait saisit la jambe.

Il fut projeté contre un arbre si violemment qu'il le brisa et alla se cogner la tête contre un deuxième. Le rhinocéros voyait des milliers de petites tentacules bleues et translucides jaillir de son corps. Une créature corrompue et enragée...
- Parfait! Dit-il en se relevant. Absolument parfait! On va pouvoir tester un nouveau tour de magie! Monsieur la bête, regarde bien.
Il sortit un foulard de sa manche, ramassa une noix de coco et déposa le tissu sur le fruit.
- Ensuite... J'ai besoin d'un volontaire... vous par exemple?!
Il pointa son ennemi qui rugit et le chargea de nouveau, mais il esquiva, et envoyant une nuée de cartes, échappa également aux tentacules.
- Non, non! Pas avant la fin du tour de magie! Rude bestiole! Bon, je vois que tu es pressé d'en finir. Soit!
Il sortit une carte et trancha en deux le foulard rouge, et le fruit, comme du beurre. Il se fendit, et du lait l'arrosa de la tête aux pieds.
- Voyons désormais le résultat...

Le lait s'était changé en sang, le tissu en matière bleuâtre, et la noix de coco en tête de rhinocéros.

- Merci! MERCI! Il riait de façon incontrôlée, s'adressant à la jungle qui ne lui offrait pour seule réponse que l'inlassable comptine smaragdine.
Enfilant la tête dans son sac de chasse, et dépeçant le reste du corps de la créature, il rattrapa le fil d'essence magique et ses dents de requins se dévoilèrent.

Emile Nox se dirigeait vers les marais. Un lieu parfait pour un assassinat vengeur.

[24 Décembre - veille de Noël - 21h30h]

C'était un soir d'hiver comme tous les autres sur la toundra. De délicats flocons chutaient lentement sur le manteau de blanc immaculé qui recouvrait le territoire. D'élégants courants d'airs charriant de fines particules de neiges balayaient la surface enneigée. L'astre lunaire baignait la région de ses rayons d'opale. Enfin, quelques conifères parsemaient le paysage ci-et là, apportant une petite touche de verdure à ce panorama blanc comme neige.

C'est dans ce cadre calme, bucolique et enchanteur qu'Hevoria évoluait aujourd'hui. Cette dernière déambulait dans les contrées glacées, à la recherche de nouveau gibier à traquer. Cependant, après trois heures de pistage infructueux, la chasseuse songeait sérieusement à abandonner pour aujourd'hui. Pas un animal digne de ce nom n'avait daigné pointer le bout de son nez. C'est donc bredouille que la jeune femme rebroussa chemin afin de chercher de quoi préparer son abri du soir. Hevoria commença à ramasser du petit-bois à l’orée d'une forêt de sapins. Mais alors que la chasseuse avait amassé l'équivalent d'un fagot de bois, d'étranges bruits venant de la plaine de neige derrière elle la firent se retourner brusquement.

Pourvu que ce soit du gib…
La jeune femme, bouche bée, laissa tomber toute sa récolte à ses pieds. Sous ses yeux ébahis, un homme barbu, affublé d'une toge et d'un bonnet… ridicule dirigeait un traîneau chargé de paquets cadeaux, tiré par six rhinocéros laineux au pelage éclatant. Le vieil homme poursuivait à vive allure une deuxième personne. Ce dernier avait le teint blafard, le visage creusé par la méchanceté, des petits yeux cruels, un sourire carnassier et une grande cape noire déchirée. Il était monté sur le dos d'un immense rhinocéros laineux à poil noir qui devait bien faire deux fois la taille des créatures de son espèce. Le premier personnage semblait vociférer une série d'avertissements au second, qui poussait des rires aussi diaboliques que théâtraux.

Mais c'est quoi ce bordel ?!
Reviens tout de suite Crayne ! Noël est dans moins de trois heures ! Ce n'est pas drôle !
Mouhahahahaha ! Mais je m'amuse beaucoup moi Tungstène ! Saboter ta petite fête, ça n'a pas de prix !
Rends-moi ce que tu as dérobé ! Tu n'as pas le droit de les priver de Noël !
Et pourtant, je le fais Tungstène, je le fais ! Kiaaakiakiakiakiakiakia !
Noël ?
Tu ne t'en tireras pas comme ça vermine ! Tu seras puni ! Le bien triomphe toujours !
Erreur Tungstène ! Le bien ne vaincra jamais, tout simplement parce que le bien ne peut pas faire de mal ! Mouhouhahahahahahah *tousse* ahahahahah !
Le personnage infernal fouilla dans sa poche et saisie une petite sphère noire, puis se retourna vers Tungstène alors que son impressionnante monture fonçait toujours à une vitesse vertigineuse à travers la poudreuse.

Hey papi ! Attrape ça ! Crayne lança violemment la sphère, qui vint se briser sur la tête des rhinocéros tirant le traîneau de Tungstène, libérant un nuage de fumée grisâtre.
Mais qu'est-ce que…
C'est une bombe au poivre mon bon Tungstène ! Je me demande comment tes fidèles rhinocéros vont réagir !
*Koff koff* Monstre ! *Koff* Tu n'as donc aucun cœur.
La fumée s'infiltra dans les naseaux et les yeux des créatures. Ces dernières se stoppèrent brusquement, reversant le traîneau du père Tungstène, qui fut projeté au loin et s'enfonça la tête la première dans la poudreuse. Les paquets cadeaux aux couleurs écarlate des petits comme des grands Duralassiens et Duralassiennes se déversèrent sur les neiges éternelles de la toundra tandis que les rhinocéros toussaient, éternuaient, les yeux injectés de sang sous l'effet irritant des particules. Hevoria, qui avait été témoin de toute la scène accourue afin d'aider le vieil homme à s'extraire du monticule de neige dans lequel il était coincé.

Mauuuuuuudit soit-tu Crayne ! S'écria Tungstène, la bouche encore pleine de neige.
Bon aller, je te laisse vieux croûton. Je dois aller me baigner dans des larmes d'orphelins. À plus ! Et bon Noël !  AHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHA *tousse* *tousse* !
Le rire du machiavélique personnage résonna dans la toundra alors qu'il s'éloignait en trombe sur le dos de son obscur destrier, laissant le pauvre Tungstène en proie au désarroi.



Que vont devenir les pauvres petits qui attendent leurs cadeaux...
Bonsoir... vous avez un problème ? Dit Hevoria en aidant Tungstène à se relever.
Oh... Merci ma petite, c'est bien aimable à toi. Excuse-moi de ne pas t'avoir répondu plus tôt, mais ce gredin risque de compromettre la fête de Noël si personne ne l'en empêche…
Noël ? Qu'est-ce que c'est ?
La question retentit comme une bombe dans l'esprit du vieil homme, qui écarquilla les yeux et dévisagea la jeune femme.
Tu ne connais pas Noël ?!
Non.
Tungstène se figea un moment.
Par ma barbe, ça c'est une surprise ! Dit-il en s'esclaffant
Mais tu as au moins dû entendre parler de moi, Tungstène ?
Non.
… Diantre ! Deux vents en moins de trente secondes. Je dois dire que ça fait mal, surtout le soir de Noël.
Vous n'avez toujours pas répondu à ma question.
Oh oh oh ! Effectivement, j'ai la tête ailleurs pardonnes-moi... Bon alors, par où commencer ? Il y a tant de choses à dire, et si peu de temps.
Bien ! Noël est une fête. Elle se déroule tous les 24 décembre à partir de minuit. Cette date est l'occasion pour les gens de se retrouver ensemble autour d'une fête commune afin de célébrer leurs retrouvailles. Il y a des milliers de façons de célébrer Noël. On partage, on offre, on reçoit, on rit, on mange. Mais il y a une chose qui ne change jamais : chacun dresse une liste de ses désirs et me l'envoie à moi, Tungstène. Cette liste peut prendre toutes les formes et contenir les volontés les plus folles qui soient.
Ils vont font une liste de vœux ? C'est... étrange. Est-ce une sorte de rituel ?
Oui, en quelque sorte. Chaque année, à la même date, les Duralassiens et Duralassiennes célèbrent cette fête, qui ravit petits et grands. Malheureusement… certains ne l'entendent pas de cette oreille. Dit Tungstène abattu à la vue de son traîneau endommagé.
Vous voulez parler de ce… Crayne ?
*Soupire* Oui. Crayne est un vil sorcier, un être malfaisant, sans pitié, un suppôt du mal. Afin de priver le monde de la joie et du bonheur, il a dérobé « l'Esprit de Noël ». Il a profité du fait que le jour de Noël mes pouvoirs sont affaiblit pour le subtiliser. Disons que je ne peux pas châtier les mécréants en ce jour sacré. Tous mes pouvoirs sont accaparés par la mission de satisfaire, de répandre la joie et le bonheur en ce monde.
L'esprit de Noël ? Qu'est-ce que c'est ?
C'est ce qui fait que cette fête puisse exister. Quelque chose de très puissant qui uni et émane de chacun des êtres vivants de ce continent. Si jamais l'Esprit de Noël n'est pas libéré des griffes de ce sorcier malfaisant avant minuit, le monde sombrera dans le désespoir ! [insérer ici musique dramatique]
... C'est un peu cliché non ?
...Euuuu... Je... Hevoria ! Avec mes pouvoirs affaiblis, je ne peux poursuivre Crayne. Tu es la seule qui puisse sauver l'Esprit de Noël ! Ne le fais pas pour moi, mais pour tout les petits bambins qui attendent avec des yeux pleins d'espoir leurs cadeaux du Père Tungstène ! Aller ! Pour eux !

*Soupire* D'accord, d'accord... J'accepte de vous aider.
Oh oh oh ! Merci du fond du cœur ma petite. Tu sais Hevoria... Je comprends que pour toi, cette fête ne signifie pas grand-chose. Tu viens de loin, les coutumes et les rituels que tu pratiques sont différents. Mais ces gens sur le continent, ils ont besoin de cette fête. Elle compte énormément pour eux. Duralàs est une contrée en proie aux guerres, au chaos, à la violence. Une fois par an, tous, peu importe leur âge, peu importe leur sexe, peu importe leur race, peu importe leurs actions, tous partagent quelque chose en commun, et c'est ce qui fait la magie de Noël. Je ne veux pas… je ne veux pas que ce moment de partage leur soit enlevé.

Hevoria observa Tungstène un moment. Il semblait marqué par le temps, les batailles. Il avait dû traverser tant de choses. Ce vieil homme se démenait visiblement depuis dès lustres pour satisfaire les habitants de ce continent.

Les gens ont besoin de croire en quelque chose. Même si je ne partage pas leurs croyances, je les respecte. Je ferais mon possible pour vous aider. Qu'est-ce que je doit faire exactement ?

Un sourire radieux illumina soudainement le visage du vieillard, un sourire d'espoir. 
Très bien ! Le temps presse, il reste moins de deux heures avant que la fête de Noël commence ! Tu dois retrouver Crayne et récupérer l'Esprit de Noël. Ce scélérat l'a caché dans le corps de sa monture, un puissant Rhinocéros noir. La chasseuse hors-paire que tu es ne devrait pas avoir trop de mal à le pister. Pendant que tu récupères l'esprit, je m'attellerais de mon côté à réparer mon traîneau puis faire la distribution des cadeaux. La coordination est primordiale. Si tu ne réussis pas à libérer l'Esprit de Noël avant minuit, tout est perdu.
Et ça ressemble à quoi l'Esprit de Noël ?
Ça… tu ne pourras le savoir qu'en le voyant de tes propres yeux Hevoria. Ne t'en fais pas, tes talents de vestale devraient pouvoir localiser sans le moindre mal notre but. Mais soit prudente. Cet esprit est extrêmement puissant, au-delà de toutes imaginations. Si tu ne fais pas attention, il pourrait te détruire. Même les émotions les plus pures ont leur part d'ombre si elles sont employées à mauvais escient.
J'ai compris, je ferais attention.
Parfait, assez bavassé. Maintenant part Hevoria. Va sauver l'Esprit de Noël ! Le bonheur de ce continent en dépend !
Je reviendrais vite Tungstène, je vous le promets.



Et c'est ainsi que notre chère Hevoria, chargée d'une mission de la plus haute importance, s'enfonçait dans les neiges éternelles, à la recherche du bonheur perdu de Duralàs. Quelques conifères se dressaient fièrement, derniers défenseurs d'une lutte asymétrique face à l'impérialisme hivernal. Un froid sec emplissait l'atmosphère, le genre de froid qui donnerait envie à n'importe qui de se barricader chez lui afin de se réchauffer auprès d'un bon feu de cheminée. Mais la chasseuse n'en avait cure. Elle devait à tout prix mettre la main sur ce mystérieux « Esprit de Noël », objet de toutes les convoitises.

Ça fait un moment que ce Crayne s'est échappé… Ai-je vraiment une chance de le rattraper avant l'heure fatidique ? Et surtout... Comment par où commencer à chercher ? Et alors que la jeune femme passait en revue mille et unes solutions, ses tatouages se mirent soudain à luire d'un bleu chatoyant. La cultiste, surprise, observa ses bras, puis ses mains. La lueur semblait s'agiter, comme si elle avait sa propre conscience, comme si elle essayait de lui faire passer un message. Pourquoi ses tatouages s'illuminaient-ils d'eux-mêmes ? Elle n'avait pourtant pas activé la voie des esprits.

C'est alors qu'un spectre jaillit de son corps et se mit à tourner autour d'elle. Une vibration le traversa, faisant virer son aura bleue spectrale en un jaune topaze éclatante. Un second esprit s'échappa et fit de même, puis trois, quatre. Ce fut bientôt une vingtaine d'esprits qui dansaient autour de la jeune femme, prenant la même teinte que le premier à être apparu. Hevoria ne les avait jamais vus aussi agités qu'en ce jour et s’expliquait encore moins leur couleur particulière.

Son visage s'illumina soudainement.
L'Esprit de Noël ! Vous régissez à son aura et il réagit à la vôtre. Mais alors… vous pouvez sentir sa présence. Je peux sentir sa présence.
En guise de réponse, tous les esprits s'élevèrent dans les airs, scintillants tel un amas d'étoiles, avant de filer plein Nord. Hevoria, les yeux rivés dans le ciel, s'élança à son tour, suivant leur fantomatique chevelure d'or qui la guiderait jusqu’à l'Esprit de Noël, et à Crayne...



Après avoir couru un long moment, Hevoria se stoppa nette en haut d'une imposante pente neigeuse. L'aura de l'Esprit de Noël était plus forte que jamais. Le regard d'Hevoria plongea en contrebas et s’emplit soudainement d'une rage furieuse.
Crayne…

Ce dernier était descendu de son rhinocéros et s'était arrêté pour… Même les méchants ont des besoins naturels.
Voiiiiiilà ! Punaise ça fait du bien. Être le méchant numéro un de Duralàs c'est pas de tout repos n'est-ce pas Serval ? … Serval ? Ah, tu es là ! Qu'est-ce qui se passe mon grand, tu as flairé quelque chose ?
Le gigantesque rhinocéros reniflait la terre avec insistance, son odorat extrêmement développé avait senti une présence étrangère. Il releva soudainement la tête en poussant un grondement sourd.
Crayne fit de même et vit la jeune femme en haut de la dune de neige qui le transperçait du regard.

AHAHAHAHAHAHAH ! C'est donc tout ce qu'a trouvé Tungstène pour sauver l'Esprit de Noël ?! Une gamine ?! Contre moi, Crayne ! L'incarnation du mal en personne ! Je suis les ténèbres, je suis la mort, je suis...
Je vais te faire la peau…
Quoi ? Crayne regarda attentivement la cultiste. De son corps jaillissait de plus en plus d'esprits, venant former une nuée luminescente au-dessus de cette dernière.
Oh punai...*tousse* Tu veut m'affronter moi ? Le Grand Crayne ! Et bien...le sorcier lança un regard de défi à la jeune femme. La tension se lisait dans ces yeux. Un âpre combat se préparait… ce sera pour une autre fois, j'ai des choses à faire ! Si tu veux l'Esprit de Noël, viens le chercher gamine ! Mouhouhahahahahaha ! Le sorcier enfourcha prestement sa monture et parti au triple galop à travers la toundra tandis que son rire grotesque résonnait.
Attend espèce de salopard, j'arrive…
Hevoria se dirigea vers le sapin le plus proche et y arracha un épais et solide morceau d'écorce de plus d'un mètre de long. Puis, elle s'élança, jeta son morceau d'écorce devant elle avant de bondir dessus afin d'entamer la descente de la pente neigeuse. 

La chasseuse, en équilibre sur son surf des neiges improvisé, glissait à toute allure sur la poudreuse, à la poursuite de Crayne et sa monture. Devant elle, éclairée par le nuage d'esprit lumineux qui guidait la vestale, s'étendait l'immensité de la toundra. Le vent soufflait puissamment sur son visage tandis qu'elle descendait la piste à une vitesse folle. Le dénivelé était recouvert par endroits de petits monticules de neige, forçant la jeune femme à réaliser de brefs sauts avec sa planche afin de les éviter. Alors qu'elle commençait à se rapprocher du sorcier à dos de rhinocéros laineux, ce dernier s'engouffra dans une forêt de sapins jalonnant la pente.

Ça c'est mauvais…
Hevoria pénétra à son tour dans la région boisée. Les arbres étaient suffisamment espacés pour lui permettre de manœuvrer, mais la jeune femme devait régulièrement slalomer afin d'éviter les innombrables sapins qui se dressaient afin de lui barrer la route. La moindre erreur serait à coup sûr lourde de conséquences. Et alors qu'elle filait parmi les conifères, elle aperçut Crayne sur le dos de Serval. Le rhinocéros ne se souciait guère des arbres, se contentant de détruire tous les obstacles se trouvant sur son chemin.

Crayne ! Arrête-toi ! Où que tu ailles, je te retrouverai.
AHAHAHAHAHAHAHA ! Abandonne gamine ! L'Esprit de Noël sera à moi, et à moi seul !
Tu peux compter sur moi pour que ça n'arrive pas.
Et qu'est-ce qu'une morveuse comme toi peut faire contre le numéro un ?!
La morveuse va te botter le cul et plus vite que prévu.
Encore faudrait-il que tu m'attrapes grosse limace !
…
Debout sur sa planche, Hevoria ferma les yeux. Les muscles de son corps était toujours sous tension, mais son esprit, lui, était apaisé. La jeune femme se concentra et laissa les esprits la guider. À cette vitesse, le regard informe, mais le corps est incapable de réagir. La vue étant un facteur parasite, Hevoria choisit de s'en priver. Tout s'éclaira soudainement dans son esprit. Une voie faite de lumière d'or lui apparu. La vitesse ainsi que l'agilité de la vestale augmentèrent alors dramatiquement. Elle voyait tous les chemins, toutes les possibilités, tous les scénarios, et s'engagea sur le meilleur d'entre eux à une vitesse folle. En l'espace de quelques secondes, cette dernière s'échappa de la dangereuse forêt, suivit de près par la masse d'esprits, éclairant le ciel comme des dizaines de lanternes flottant dans le ciel.

Hevoria rouvrit alors les yeux. Crayne ne se trouvait plus qu'à quelques dizaines de mètres. Étant enfin suffisamment proche de son adversaire, la cultiste positionna son bras en direction du rhinocéros et contracta son poing. En une fraction de secondes, les dizaines d'esprits luminescents au-dessus de la vestale se ruèrent dans le cortex de leur cible, grillant l'organe vital par une puissante déflagration spirituelle. L'imposant rhinocéros noir poussa un puissant barrissement et s'affala brutalement dans la neige, projetant son maître qui glissa la tête la première sur la poudreuse puis s'écrasa dans un monticule de neige. Hevoria décèlera doucement, puis se stoppa à quelques mètres de l'infâme Crayne qui s'extrayait dudit monticule, bouillonnant de rage.



Espèce de petite morveuse ! Comment as-tu osée ?!
Ça t'as pas suffit les cents mètres que tu viens de faire sur la tête ? Je peut toujours m'arranger pour que la prochaine fois tu les fasse sur du granit...
Tu fais la maligne, mais il ne te reste que très de temps avant que minuit ne sonne. Dans quelques minutes, les gens plongerons dans le désespoir. Noël sera un fiasco sans précédant. Et ce sera moi, Crayne, qui en aura été l'instigateur ! Mais d'abord... je vais m'occuper de ton cas, gamine.

Le sorcier s'éleva soudainement dans les airs, porté par un vent de magie noire. Et alors que son rire se faisait de plus en plus intense, un violent blizzard se mit à tourner autour des deux adversaires, délimitant les bords de cette arène improvisée.
Je suis l'ultime rempart qui se dresse entre toi et le bonheur de ce monde !
Amène toi Crayne... Une vague d'esprits titanesque s'échappa du corps de la vestale avant de la porter à son tour dans les airs.
Excellent. Excellent ! Je vais t'écraser comme un insecte. Et quand j'en aurais fini avec toi, je danserais sur ton cadavre. Dit-il avant de se ruer sur la jeune femme.
Un violent et long duel de magie fit rage entre les deux sorciers. Des décharges d'énergies crépitaient, des explosions retentissaient, les jurons fusaient, alors que l'heure fatidique approchait.



Alors ? *tousse* Qu'est-ce qui se passe *tousse* morveuse ? On fatigue ?! AHAHAHAH *tousse* AHAHAHA !
… Tu as un bras en moins, plusieurs côtes fracturés et un poumon perforé. Abandonne, ou je te promet que je vais vraiment m'énerver.
Jamais ! Les vrais méchants ne perde jamais *tousse* ! Je suis le mal, je suis les ténèbres, je suis la mort. Je ne peut pas être vaincu par une FILLE DE CAT… Crayne n'eut pas le temps de finir son mot que que le crâne de démon d'Hevoria vint s'écraser contre le nez de Crayne dans un craquement monstrueux. Une gerbe de sang spectaculaire jaillit du milieu de son visage. La magie enveloppant le corps du sorcier se dissipa dans les airs, tandis que son corps inerte vint s'affaler mollement dans la poudreuse.
Ne traite JAMAIS mes mères de catins…

Le blizzard s'était arrêté. Crayne gisait, inconscient, au milieu d'une mare de sang. Un sourire béat ornait son visage déformé par la haine. Le crâne de démon d'Hevoria, quand à lui, était recouvert de l'hémoglobine de son adversaire. La jeune femme épuisée, repris son souffle un moment. Et alors qu'elle ravalait sa salive, un esprit lumineux jaillit de son corps, comme une piqûre de rappel.
Merde ! L'Esprit de Noël !



Hevoria se précipita sur le cadavre de Serval, le ténébreux rhinocéros laineux. Une puissance inimaginable résidait à l'intérieur de celui-ci. La chasseuse empoigna sa dague et la planta violemment dans le corps de l'animal. Puis, après l'avoir éventré, elle plongea ses deux mains à l'intérieur. Intestins, estomac, cœur ; les organes glissaient entre ses doigts imbibés de sang. C'est alors que ses mains rencontrèrent un élément lisse et chaud au toucher. Hevoria l'aggripa et extraya ses bras de la carcasse fumante de l'animal. Les yeux de la jeune femme s'illuminèrent. Entre ses main rayonnait une sphère de verre dans lequel était enfermé une intense lumière. Sans perdre un instant, Hevoria brisa la sphère de verre afin de recueillir son contenant.




Il était là. Elle le tenait dans le creux de ses mains, enfin. Il n'y avait pas de doute possible, c'était bien l'Esprit de Noël. Ce dernier, brillant de tout son être, émanait une lumière d'or. Il était chaud au toucher, une chaleur réconfortante. Bien qu'éclairant la toundra comme un phare dans la nuit, sa divine lumière pouvait pourtant être regardée en face sans risque de se brûler la rétine.

Alors c'est ça l'esprit de Noël ? C'est si... étrange. Tant de joie, tant de rires, tant de rêves, tant de bonheur, tant d'amour. Une telle chose ne peut appartenir au monde des vivants, c'est si... fort. Je comprends les paroles de Tungstène maintenant, je comprends… tout.
Mais une étrange réflexion émergea dans l'esprit de la vestale.

Je… je pourrais le garder. Pou… pour moi… pour nous. Il serait en sécurité après tout. La jeune femme ravala sa salive, sans quitter des yeux le trésor inestimable qu'elle tenait entre ses mains.

S'il est libéré, d'autres tenterons de le subtiliser, le mal se répétera, tel un cercle vicieux. Tungstène n'a pas été en mesure de le protéger aujourd'hui. Le pourra-t-il vraiment demain ? Que se passera-t-il le jour où il n'y aura personne pour le protéger ? Que se passera-t-il le jour ou personne n'arrivera à sauver Noël ? Si je l'assimile… Alors tout sera différent. Nous connaîtrons enfin… la paix. Le dernier mot résonna dans son esprit.

Les mains d'Hevoria tremblaient, sa voix était souffreteuse, son front brûlant. Elle approcha alors lentement l'Esprit de sa poitrine. Mais au fur et à mesure que la distance se réduisait, d'étranges visions aux allures prophétiques apparaissaient à la jeune femme. Les cris résonnaient dans sa tête. Les rires se muaient en pleurs, la joie se muait en tristesse, le bonheur en douleur, les rêves en cauchemars. La mystique et apaisante toundra devint une étendue désolée et scarifiée par des failles infernales ou s’amoncelait les cadavres de tout âge. Tout autour d'Hevoria brûlait, tout autour d'Hevoria mourrait…

Non, non, je ne veux pas de cela ! Je ne dois pas…
La chaleur de l'Esprit commença doucement à pénétrer son plexus solaire tandis que ses yeux s'illuminèrent. Et alors qu'elle allait succomber à la tentation, une enfant apparu devant elle au milieu de l'immense charnier. Une petite fille d’à peine dix ans, arborant de beaux et lisses cheveux de jais. Elle était seulement affublée de morceaux de tissus en guise d'habits et recouverte de tatouages familiers à la cultiste. Mais ce qui troubla cette dernière était ses yeux, ses yeux d'émeraude, emplis de toute l'innocence que pouvais porter un enfant de cet âge-là. Elle dévisagea Hevoria tandis que d'épaisses larmes coulaient sur son visage juvénile.

Je… mais. C'est moi…
Hevoria était en état de choc. Elle avança une main vacillante vers son soi du passé, qui fit de même.
Attrape ma main… S'il te plaît.
Mais alors que leurs deux index se rencontrèrent, la petite fille commença à s'évaporer progressivement comme balayée par le vent.

Non ! Ne pars pas. Aide... aide-moi. Je t'en supplie, ne me laisse pas seule.
Mais la jeune Hevoria restait de marbre, le regard englouti de tristesse.

RESTE AVEC MOI !!!
La jeune femme arracha l'Esprit de Noël qui avait commencé à fusionner avec sa poitrine et saisie alors à bras-le-corps son soi du passé, pleurant toutes les larmes de son corps. Elle tremblait, avait mal, avait peur. Une aura réconfortante émanant de la petite fille enveloppa alors Hevoria. Les larmes de l'enfant se séchèrent, tandis qu'un sourire se dessina sur son visage, qui paraissait dorénavant aussi radieux que le soleil après une terrible tempête. Après s'être longuement étreint, la petite fille essuya les larmes de la jeune femme et déposa un baiser sur son front. Toutes les visions chaotiques disparurent alors. Ne subsistait que la petite Hevoria qui se tenait debout, aux côtés de son futur soi. Les deux Hevoria se regardèrent dans les yeux, le sourire sur les lèvres.

Rendons sa liberté à l'esprit de Noël…
Les tatouages des deux vestales s'illuminèrent d'un bleu turquoise plus intense que jamais. Elles levèrent ensemble leur main droite en direction de l'Esprit d'or qui flottait dans les airs, puis refermèrent leurs mains à l'unisson. Une immense colonne de lumière blanche jaillit de l'Esprit de Noël. Puis, lorsqu'elle atteignit le firmament, cette dernière se subdivisa en de milliers de traits de lumière qui fusèrent aux quatre coins de Duralàs telle une immense fontaine de lumière, sous le regard ébahi des deux jeunes femmes. Et alors que le bouquet final, un intense halo blanc, engloutissait le paysage hivernal, la petite fille adressa son plus beau sourire à Hevoria avant de disparaître à son tour.



Hevoria ouvrit un œil, puis deux. Elle était allongée au bord d'un plateau montagneux dont l'emplacement donnait sur l'immense toundra qui s'étendait à perte de vue. Dans le ciel, à l'horizon, ondulait une magnifique aurore boréale arborant mille nuances chromatiques. La jeune femme n'avait jamais aussi bien dormi. Son temps de sommeil lui avait semblé durer une éternité. Elle tourna la tête, et croisa le regard apaisant du vieux Tungstène à ses côtés. Ce dernier était assis sur une petite butte de neige et, tandis qu'il fumait une pipe à tabac, observait calmement le paysage.

Bonsoir Hevoria.
Tungstène ? Je… Depuis combien de temps suis-je endormie
Une minute, cependant, ton mental s'est reposé l'équivalent de trois jours durant ce laps de temps réduit.
Trois jours ?!
Tu avais grandement besoin de repos. Après avoir recouvré mes pouvoirs et nous avoir téléporté ici, j'ai prolongé artificiellement ta léthargie afin que tu puisse bénéficier d'un sommeil réparateur. J'ai également récolté les ressources que pouvait t'offrir Serval, le rhinocéros de Crayne. Il serait dommage de perdre des ressources d'aussi bonnes qualités. Elles te seront sûrement utiles.
Je… Merci.
C'est bien la moindre des choses que je puisse faire après ce que tu viens d'accomplir.
Alors, nous avons réussi ?
Oui, ma petite, nous avons réussi. Mais cette victoire est surtout la tienne. Tout le mérite te revient. Moi Tungstène, l'icône de cette fête, n'a pas réussi à protéger l'Esprit de Noël.
Allons… Tungstène, ne soyez pas si dur avec vous. La perfection n'existe pas… Et puis vous l'avez dit vous-même. Noël est une fête de partage et d'entraide. C'est bien ce qui fait sa force non ? Vous ne pouvez pas porter seul le lourd fardeau qui pèse sur ce monde. Alors, en tant que représentante de Kalumbra et invitée de votre monde, laissez moi porter une partie de ce fardeau.
Je… Ma petite, je suis honoré par tes paroles. Tu sais… J'ai ressenti, pour tes visions. Ton âme d'enfant n'a pas disparu, notre âme d'enfant ne meurt jamais. Elle nous accompagne tout le long de notre vie, depuis le commencement et jusqu'à la fin. Nous devons regarder dans le passé pour comprendre le présent et mieux construire l'avenir. Ignorer une étape de son existence revient à renier une partie de son être. Ce n'est qu'en s'acceptant totalement que le Nirvana nous est accessible.
Et c'est grâce à vous, en ce jour, qu'il m'a été permis de comprendre cela. Noël... Noël est une fête magnifique, que j'attendrais avec joie, et que je ne manquerais pas de fêter dorénavant.
Ce compliment me va droit au cœur Hevoria. Dit-il en s'esclaffant.
Et de mon côté j'essayerai de veiller avec une attention redoublée sur l'Esprit de Noël. Il en va du bonheur de ce monde.
Un silence apaisant s'installa, tandis que les deux personnages perdaient leur regard dans la beauté du paysage qui s'offrait à eux.

Tungstène bondit soudainement.
Bonté divine, je t'ai complètement oublié !
De quoi ?
Et bien, ta liste de cadeaux voyons ! Quel nigaud je fais.
Oh… Ce n'est pas grave vous savez. Les souvenirs de cette journée sont déjà un cadeau inestimable.
Tatatatata ! On ne tergiverse pas. Je ferais un piètre personnage si je ne respectais pas ma propre fête. Alors ? Quelle est ta liste de vœux ?
Euuu, je… Pourquoi ne pas deviner ce qui me ferait plaisir pour cette fois ? Je n'ai jamais été très doué pour les listes. Vous en voyez défiler un nombre incalculable tous ans. Je suis sûr que vous saurez choisir ce qui conviendra. Lança la jeune femme avec un petit regard amusé.

Ahahah ! Décidément Hevoria, tu es une personne bien mystérieuse. Très bien, laisse-moi me concentrer. . . . . Je vois. Je crois que je sais maintenant ce qui te serait utile. C'est assez amusant, la plupart des gens demanderaient de l'or, une armure ou une arme. Mais toi… c'est plus complexe. À l'image de ta personnalité, je suppose. 
Désirerais-tu l’œil omniscient de celui qui règne sur les marais ? 
Une paire d'ancestrales écailles draconiques ?
D'envoûtants voiles éthérés recouvrant le corps des mortelles banshee ?
Le cœur iridescent de celui qui domine les profondeurs ? 
Augmenter ton pouvoir afin de reconstituer une partie de ce qui gît, brisé dans ton corps ? 

Hevoria sourit.
Faites comme bon vous semble Tungstène. Après tout… Vous êtes le Père Noël. Je m'en remets à vous aujourd'hui.
Le vieil homme s’esclaffa de nouveau. Et bien dans ce cas, qu'il en soit ainsi. Je dois t'avouer que ce n'est pas courant que quelqu'un me demande de choisir à sa place. Mais tu as raison quelque part. Ceux qui offrent devraient également se creuser les méninges afin de trouver ce qui plairait aux êtres qui leur sont chers. Tungstène marqua une pause.

Je vais te révéler quelque chose. Quelque chose qui pourrait intéresser l'instinct de chasseuse qui sommeille en toi.
Hevoria se retourna vers le vieil homme, intriguée.
Au Sud-Est du continent, par-delà les mers maudites, se trouve une île… Cette mystérieuse île tropicale abrite des créatures de légendes, aussi étonnantes que dangereuses. Rare sont ceux qui en ont rencontré. Ceux qui en ont réchappé ne sont que quelques dizaines. Ceux qui en ont triomphé se comptent sur les doigts de la main… Il plongea sa main dans sa besace et présenta un objet à la jeune femme : une énorme dent acérée. Cette dernière tenait à peine dans la main de Tungstène.
Qu'est-ce que… La jeune femme se saisie de la dent afin de l'inspecter.
Impressionnant, n'est-ce pas ? Cette île est le repaire de ces créatures. Elles sont de véritables forces de la nature qui ont terrassé plus d'un aventurier intrépide.
Quel est le nom de cette île ? Demanda la chasseuse avec un intérêt renouvelé
Wysteria.
Le mot résonna comme un appel au défi dans l'esprit de la chasseuse alors qu'un nouvel objectif s'ajoutait à la longue liste des tâches qui l'incombait.

Bien ! Sur ces belles paroles, je vais m'empresser d'aller préparer tes surprises. C'est le moment de nous dire au revoir ma petite. C'était un plaisir de te rencontrer. Je ne te serais jamais assez reconnaissant pour le service immense que tu as rendu à Duralàs et à ses habitants. Je te souhaite bon vent pour la suite de tes aventures.
Je vous retourne le compliment Tungstène, ce fut un grand honneur de protéger ce noble rituel.
Merci. Et qui sais... Peut-être qu'un jour nos chemins seront amenés à se recroiser, Hevoria, prophétesse de Kalumbra.
Seul l'avenir nous le dira, Tungstène, gardien éternel de Duralàs.
Il faudrait que songe à prendre ma retraite un de ses jours. Oh oh oh ! L'image du vieil homme souriant s'estompa alors petit à petit avant de disparaître dans une fraîche et agréable brise, laissant Hevoria seule, avec pour seul témoin le panorama sublime qui s'étendait devant elle.

La cultiste se releva, tout en fixant l'horizon.
Tungstène, Crayne, Noël, Wystéria… Duralàs est décidément pleine de surprises. Je m'appelle Hevoria, gardienne du culte de Kalumbra, fille de la forêt éponyme et des trois mères de la nuit. Ceci… n'est que le début de mon histoire.








Tungstène : 996600
Crayne : cc0000

Rapport de récolte :

Hevoria remporte 2 cornes de rhinocéros laineux, 3 peaux cuirassées, et 1 os doré bonus.

Commentaire[size=12] : Rien à redire ! Même si du coup les bonus se limiteront aux os dorés maintenant, et que tu gagneras 1 nouvelle ressource à chaque fois (rappelle-le nous au cas où).

Rapport de récolte :

Hevoria remporte 2 cornes de rhinocéros laineux, 3 peaux cuirassées.

Commentaire : Rien à redire ![/size]

Nova s'était pointé chez le marchand qu'elle avait rencontré deux jours plus tôt et à qui elle avait vendu son sanglier, mais cette fois, elle y allait avec une certaine satisfaction. Elle rentra dans la boutique en se baissant un peu, trainant derrière elle une proie plutôt conséquente.

Bonjour bonjour ! J'ai un p'tit colis pour vous !

Mais personne ne répondit à l'appel de l'orc. Elle jeta un œil dans l'arrière boutique en se pendant un peu sur le comptoir en bois, mais personne. Elle tenta désespérément d'appeler, de faire du bruit, mais personne. Alors, elle fit un petit tour dans les alentours de la boutiques, laissant ses deux aigles et son croco sur place.

Visiblement, l'orc n'était pas passée inaperçue et elle fut accostée par les mêmes petits vieux qui se faisaient un feu la dernière fois.

Hé, toi, l'orc

Nova se retourna pour voir qui lui parlait. C'était un bonhomme d'une cinquantaine d'année, mais qui avait le visage bien attaqué par le froid et l'alcool.

Hum, moui ?
C'est une belle bête que t'as là, t'en demande combien ?
Je sais pas trop...
50 pièces d'or ?
Mais t'es pas fou toi ? Le marchand m'en propose bien plus !
Ouais, mais le marchand n'est pas là aujourd'hui.
Ah merde...
Ouais, et ça te ferait bien chier de te trimballer ton machin sur le dos jusqu'à la prochaine boutique, hein ?
Pas qu'un peu...

Nova se gratta la tête, un peu déçue des circonstances et ne savait pas trop quoi faire.

Hé Casi, t'as pas fini d'emmerder les p'tits jeunes ?
Ça va, j'voulais tester un peu...

Oh, c'était Mr. Croco qui était venu à son secours, toujours aussi classe.

Viens.

Comme d'habitude, Nova, respectueuse de ce type le suivit, et ils pénétrèrent dans la boutique vide.
Il lui fit signe de l'aider à porter le croco jusqu'à l'arrière boutique .

La prochaine fois qu'on se croise et qu'on repasse ici, le marchand te donnera ta fortune, je lui en causerais deux mots. Là, il enterre son père, et c'est ce vieux con de Casi qui doit jeter un œil à la boutique, mais cet enfoiré tente toujours de tirer parti des ventes, sans scrupules.
Oh, ça marche. Mais, il ferme pas la boutique pendant ce temps-là ?
Non, tu sais, il s'en tape un peu, il devrait revenir dans l'aprem', il en a pas pour bien long, et son père était un vieux croûton infâme, il l'enterre par principe mais il reviendra rapidement avec l'esprit plus léger.
Il est mort de vieillesse ?
Presque, sa vieillesse l'a rendu con, et il est parti voir les rhino laineux.
Ah, les fameux...
Tu doutes toujours de la véracité de mes propos ?
Ben, je ne crois qu'en ce que je vois...
Les gens comme toi m'agacent. Je t'y amène, il faut bien t'initier à tous les types de chasses.

Nova, intérieurement était aussi excité qu'une gamine à qui on offre un beau château rempli de friandises. Mais elle faisait mine d'être impassible.


Un jour plus tard

Les deux acolytes avaient dû se faire un petit campement de fortune pour pouvoir partir de bonne heure à la recherche des animaux. Nova ne s'attendait pas à ce que la marche soit aussi longue, mais au moins ils avaient enfin discuté et l'orc en apprit plus sur Mr. Croco.

C'était un ancien braconnier, assez fan des espèces protégées, et il avait contribué à la quasi extinction des cerfs royaux. Nova n'avait pas caché son appartenance à la Garde Zéphyr et l'homme ne semblait pas avoir de réels remords.

Je suis trop vieux pour faire de la tôle, c'est la seule raison pour laquelle j'ai arrêté. T'as pas idée de la thune que je me faisais en vendant leurs bois.

Nova ne voulait pas trop entendre les discours de l'homme, elle l'appréciait et il avait bien précisé que c'était du passé, il y avait prescription sur les actes et elle ne lui en tiendrait pas rigueur.


Le lendemain

Alors ?
Fatiguée
Normal, avec une blessure telle...

Mr. Croco pensait le flan de l'orc. Elle s'était faite empalée par la corne d'un rhinocéros laineux, mais au moins elle ne doutait plus des paroles de l'homme. La plaie n'était pas bien méchante, il avait été rapide aux soins, grâce à des plantes aux vertus thérapeutiques, la cicatrisation avait déjà commencé à faire son travail. Mais elle ne pouvait pas faire un bandage toute seule.

Tous deux se trouvaient dans la cabane du vieux fêlé.

Après leur partie de chasse et le rapatriement de l'orc, l'homme était allé vendre des morceaux de la bête qu'il avait prélevé et y retournerait avec des locaux pour ramener le reste. Il avait donné sa part à Nova qui reprenait des forces chez lui.

Rien dans la cabane de l'homme ne pouvait lui donner des informations sur sa personne. Et il semblait faire des économies de ses ventes, car l'ameublement et la décoration étaient minimalistes, juste le nécessaire pour vivre.

Rapport de récolte :

Nova gagne 2 cornes de rhinocéros laineux + 5 points de métier.

Commentaires sur le RP : Rien à redire !

Sur le marché de Kastalinn, là où il vendait les ressources qu'il récupérait en chassant, Saigo était devenu malgré lui un visage assez connu. Le marchand qui achetait ses récoltes commençait même à se permettre des familiarités avec l'Exécuteur. Ce dernier n'appréciait pas vraiment cela, mais étant donné que l'homme était sa principale source de revenu, il laissait faire. C'était souvent des louanges concernant ce qu'il lui rapportait, alors ce n'était pas bien grave. Cependant, ce jour-là, le marchand lui fît une révélation des plus... intéressantes. Tu sais, mec, depuis le temps que tu me ramènes tes récoltes, je peux voir à quel point t'as progressé. Tu devrais tenter de chasser le rhino. Sur le continent, y a rien qui rapporte plus que le rhinocéros laineux. Qu'est-ce que t'en dis? Généralement ils vivent dans les plaines d'Aràn.

Le stryge noir n'avait rien dit, mais il comptait bien faire un tour dans cette région. Si les ressources issues des rhinocéros se vendaient à si bon prix, alors ça l'intéressait. Il quitta Kastalinn le soir même, direction les plaines. Deux dagues à la ceintures, une paire de griffes montée sur ses poings, Corbac sur son épaule, Saigo était prêt. Il marcha sans s'arrêter, sans sourciller, pendant des heures, avant de trouver ce qu'il cherchait. Un joli rhinocéros, au pelage fait de laine noire. Il l'observa avec attention, repéra ses points faibles. Il demeura ainsi immobile pendant trois bonnes minutes, à bonne distance de sa proie, mais suffisamment proche pour recueillir suffisamment de détails. Il en était arrivé à la conclusion que le rhinocéros laineux ne présenterait pas un grand danger... s'il était privé de ses cornes. Sa peau cuirassée, protégée par la laine serait difficile à percer. La meilleure chance de l'assassin était de s'attaquer à la gorge.

Il s'élança enfin, au sprint, sur sa proie. Flegmatique, celle-ci ne semblait pas se formaliser de ce dérangement. Mais lorsque Saigo bondit vers la bête toute griffe dehors, cette dernière donna subitement un coup de corne vers l'avant, qui obligea l'Exécuteur a une esquive improbable. La corne de la bête ne l'embrocha pas, mais elle lui donna tout de même une entaille sur le flanc. Sa cuirasse n'avait pas protégé grand-chose, et elle était désormais dans un sale état. Qu'importe, le stryge solitaire ne comptait pas laisser filer sa proie, quand bien même celle-ci s'était mise à courir, et ce bien plus vite que Saigo ne l'aurait cru. Il commença à la pourchasser, d'abord en courant. Puis, voyant qu'il ne parvenait pas à refaire son retard, il déploya ses ailes et donna deux grands coups dans les airs, se propulsant en avant. Il ne pouvait pas reprendre sa course de manière fluide, sans perdre de temps, et devait trouver un moyen de s'accrocher. Il rasait le sol de très près, sa vieille dague d'assassin à la main. Dans un mouvement désespéré, il lança une attaque verticale sur le rhinocéros.

Du sang gicla. Miraculeusement, la lame de l'assassin s'était profondément fiché dans la gorge du rhinocéros, qui continuait cependant de courir en poussant des hurlement de douleurs. Réduit à l'inertie, Saigo se démenait pour rester accrocher, utilisant ses ailes pour ne pas servir de balai. De la patience, s'était tout ce qu'il lui fallait. Tôt ou tard, la bête aurait perdu trop de sang pour continuer. Par petit à coups, l'Exécuteur déplaçait sa dague dans la chair de sa proie, espérant trancher une artère, et enfin en finir. Il lutta ainsi une dizaine de minutes avant que le rhinocéros, épuisé, ne s'écroule au sol, terrassé. Haletant, Saigo demeura assis, adossé à la soyeuse laine pendant quelques instants. Puis, il entreprit de dépecer le rhinocéros. Tout ce qu'il voulait, c'était ses cornes. Elles étaient belles, elles étaient luisantes, elles vaudraient sûrement un paquet auprès de ce vendeur trop familier. Avec un peu de chance, il saurait aussi le conseiller pour une nouvelle armure. Celle-là était bonne pour la revente.

Rapport de récolte :

Saigo gagne 2 cornes de rhinocéros laineux + 5 points de métier et 1 os doré

Commentaires sur le RP : Rien à redire !

Aujourd'hui Styx s'éveilla, et, comme tous les matins depuis bientôt deux semaines, il courait à la glace pour voir si ses crocs repoussaient. Quelle ne fut pas sa surprise de les voir non seulement à nouveaux grands, mais en plus, ils lui apparaissaient comme plus affûtés que jamais! 
Aujourd'hui il ne resterait pas dans son lit à ne rien faire.
Aujourd'hui il allait célébrer! 


Il dévala les escaliers quatre à quatre, bousculant Idiote qui traversa la rambarde et alla s'étaler au sol de l'étage inférieur.
«- Oupssiiiiii Oupssss! Quelle maladroite petite conne tu fais! AHAHAHAHA! Tu sais, quoi? Tu t'en fiches, je pense, mais j'ai retrouvé mes canines si majestueuses! C'est l'heure d'aller saigner du pourceau! 
Et il fila à l'extérieur, attrapa par la queue Alphonse qui brossait les dents d'une Catastrophe ronronnante. 
- Mais t'es malade? Fit le singe une fois remis de sa surprise. Pourquoi tu débarques toujours à l'improviste? T'étais pas censé être au lit dû à une déprime liée à ton... Il pouffa... Limage de dents? 
Comme réponse il eut le droit d'admirer la dentition de Styx, plus menaçante que jamais. 
- Foutre Dieu! Par tous les Enfers! D'où elles sortent toutes ces dents?! Et me dis pas que tu n'as rien fait, je te connais que trop bien. 
- Héhé... il y avait peut-être, éventuellement, hypothétiquement, des dents de Teeban en vente à l'Hotel des ventes. J'ai pas pu résister! Et puis pour les canines, par contre, elles ont repoussées toutes seules hein! Pas touche à mes bébés! 
- Styx t'es un gros malade. Tu pourras même plus ouvrir la bouche sans que les gardes te tombent dessus. 
L'arlequin, tandis qu'il parlait avec son ami-singe, avait décidé d'user de ses pouvoirs pour léviter. Les jambes en tailleurs, mais surtout, la tête en bas. Il se releva brutalement. 
- Quoi?! Ces gros Elfes-Tantouzes? 
Il siffla un garde passant par là, lui sourit de manière cruelle, et ce dernier détala en hurlant. 
- Ok... mais pourquoi cette sortie express? 
- On va... et tiens-toi bien. Essayer une nouvelle came! Fit le clown en agitant le sac en peau de crocodile qu'il tenait dans sa main.
- Ce truc, il doit contenir au moins une dizaine de kilos de drogue. Je te signale que je peux mourir maintenant, grâce à toi. Pas envie de faire une overdose. 
- Mais tu comprends rien! C'est une poudre que j'ai trafiquée. Une fois au contact de l'air elle se dissout en vapeur psychotrope. Et... il fouilla ses poches. Il y a une soirée des étudiants en magie ce soir, regarde! 
En effet, l'affiche qu'il tenait dans sa main droite mentionnait une immense beuverie à la Taverne entre la cinquième et la sixième allée. 
- D'accord, mais dans l'événement ne se produira que dans deux heures. 
- On va juste préparer le terrain... hihihi!
- Doux Enfers, je sens le truc qui génial qui arrive. 

En moins de temps qu'il ne fallait pour un vampire Bêta pour se changer en banale chauve-souris, Styx devenait déjà un majestueux Draken de veloutes noires et s'élançaient dans les cieux Dùralassiens, hurlant de la voix des milles âmes qui composaient sa transformation. Quiconque ouïrait son cri déraillerait instantanément, et cette nuit là, on recenserait quatre homicides conjugaux. 
Les ailes déployées, il fila, plus vite que le vent lui même, avant de se poser sur les plaines d'Àran. Là seulement il regagna sa forme tangible, mais aujourd'hui plus que jamais, son aura semblait horriblement oppressante. Alphonse, habitué à voir les auras décida de jeter un regard à celle de son ami. Ce qu'il regretta tout de suite. 
Un serpent aux milles couleurs et aux écailles faîtes de globes oculaires s’agitant sans cesse. Et toutes ces bouches sur sa langue qui entrait et sortait... elles... hurlaient au secours! Oh mon Dieu! 


Mais Styx était trop occupé à bondir de rhinocéros en rhinocéros, munit de griffes de magie, avec lesquelles il déchiquetait leurs cuirasses laineuses avec une aisance effroyable. L'une des bêtes qu'il chassait, la dernière encore en vie, avait bien tenté de s'enfuir, mais très vite, ce serpent d'aura avait attaqué la petite âme de l'animal avant de l'engloutir. Physiquement, le résultat fut un effondrement du mammifère laineux, complètement vidé de toute vie. Son corps n'était plus qu'une coquille vide. 
- Et voilà! Tous les composants pour la fête de ce soir sont réunis, on va pouvoir repartir et s'amuser! S'amuser beaucouuuup! 
L'arlequin rit avant de se retourner vers Alphonse, le caresser, et repartir sous sa forme d'Ombres vers BaldorHeim. 

Une fois au-dessus de la ville il se posa sur le dessus de la Taverne où se dérouleraient les festivités étudiantes, sans soulever la moindre brise où détruire la plus fragile tuile. Épatant! 
Le clown descendit jusqu'au sol en... marchant sur des escaliers invisibles, pédalant comme s'il était sur un monocycle invisible.
- Alphonse! Mon bel Alphonse! Te souviens-tu du moment où je me prétendais un arlequin de foire? Il avait dit ces mots en faisant apparaître un manège à partir de ses cartes. Son sourire était plus carnassier que celui d'un Teeban enragé, et dans ces yeux baignait une marre de sang insondable. Il fit apparaître une boite à musique en un claquement de doigt.
En sortit un mini-Styx à la voix robotique, qui bien que riant aux éclats, ne dégageait rien de particulier. Ni magie, ni envoûtement, ni... rien en fait. 
Mais le clown eut tôt fait de vider son sac de drogue à l'intérieur.
- Tu sais ce qui.. ohohoh... elle est puissante celle-là. Tu sais ce qui est chouette avec la magie des Arcanes Noires? C'est que... miiiiince, je me sens partir. Vite, vite, je finis mon explication. Hahahaa! C'est que tu peux altérer la réalité dans son essence même. Une vision peut devenir un touché, et là en l’occurrence... Un son peut devenir un goût! 

Le petit singe succomba très vite à l'effet de cette toxine, effectivement surpuissante. Si bien que la phrase de son ami plana dans sa tête, se répétant en boucle, quelques fois les phrases changeaient de place, ou le ton de voix de Styx devenait plus aigu. Infiniment plus aigu! Ou grave! Aussi grave que la voix du Diable lui-même. À ce qu'il entendait se mêlait aussi le rire du mini-Vampire, toujours aussi moqueur et hautain. 
Ça lui donnait envie de...
Les étudiants affluaient désormais. Ils tournaient autour de la boîte musicale. Autour de l'arlequin. Où était-ce l'inverse? Ses dents de Teeban allaient tous les déchiqueter. À partir de là, il n'eut que des bribes de mémoires. 

Des gens buvaient et fumaient, dans leurs tenues d'Adam, certains avec son ami, d'autres en se fondant dans l'immense masse qui s'écoulait telle un déluge innarétable, inextricable, in...hedeable. Hahahaha! On devient fou ici! ON EST TOUS PUTAIN DE BARGES! HAHAHAHAHA
Alphonse se jeta sur son voisin de gauche, les griffes sorties et les planta dans ses yeux, arrachant petit à petit les iris, scalpant le blanc, mangeant cette gelée qui devait avoir le goût d’œuf au plat! Bientôt, il s'enfouissait dans la bouche de l'homme, taillant son chemin dans le larynx, quelque peu étroit, jusqu'aux organes internes de celui-ci. Il se sentait si bien entouré de tout ce sang! Il était à sa place! Il dormirait ici ce soir! Oooooh! Ses oreilles percevaient des milliers de cris aux alentours! Tout le monde devenait zinzin! Tout le monde devenait comme lui! Comme lui! Comme nous! Parce qu'à la fête du clown, tout le monde est la star du show! AHAHAHAH! Tandis qu'il riait, ses griffes scalpaient les poumons de sa victime, qui riait elle-aussi dans ses derniers soubresauts de vie. 
Puis, progressivement, il perdit l'usage de son corps, il ne faisait que rire. Encore et encore. Rire toujours! Jusqu'à ce que ses paupières se ferment et que seul un gloussement ne s'échappe de son gosier. 


Au réveil, il se trouvait dans la chambre de Styx, et celui-ci dormait paisiblement, à moitié-nu. Alphonse, ne se souvenait que d'avoir beaucoup rit à cette soirée, rien de mal n'aurait pu se passer hein? 

Pour commencer, sortez de votre esprit tout ce qui à un rapport avec les moutons. Ne garder qu'une laine sale et revêche (comme le crocodile ). Ensuite prenez un rhinocéros avec tout ce qu'il à de hargneux. Voilà, vous y êtes presque. Attendez encore un peu... Rajoutez une demi tonne de muscle. Et bien parfait, c'est bon.

Donc, reprenons. Tandis que le mastodonte me foncer dessus à toute allure, je ne put m’empêcher de vouloir en finir avec panache. Je fis un léger pas de côté, attrapé sa corne, lui atterrissant ainsi, à l'aide d'un léger mouvement rotatif, sur le dos. Après avoir vider mon carquois sur sa nuque, la bête s'effondra, et j’atterris pour ma part tout en douceur, avec en tête la réplique du nain, "ça ne compte quand même que pour un". Haaa, ce Toll Kiën, quel le barde.

Rapport de récolte :

Styx gagne 3 cornes de rhinocéros + 2 peaux cuirassés  et 1 os doré

Commentaires sur le RP : Grosse débauche ! C'est quand qu'on m'invite? o)

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Rapport de récolte :

Kiloë gagne 2 cornes de rhinocéros + 1 peau cuirassée et 5 points de métier.

Commentaires sur le RP : Rien à redire !

Trois femmes regardaient le clown qui marchait sur les routes des Plaines avec une certaine appréhension. Toutes trois vêtues d'habits noirs et blancs, mais à l'âge bien différent. Il y avait une enfant, une adolescente et une femme dans la force de l'âge. 
La plus jeune s'avança en riant.

«- Regarde grande-sœur! C'est lui, c'est bien lui! On a réussit à le trouver, nos pouvoirs sont vraiment trop cool! On le descend maintenant on après? 
Lorsqu'elle eût fini de s'agiter, elle chuta après que ses souliers se soient pris dans une pierre. 
L'aînée la toisa d'un regard méprisant, avec de tirer une longue bouffée sur son porte-cigarette et de réajuster ses lunettes.
- Nous n'attaquerons jamais un tel adversaire de face. Tu as vu ce qu'il a fait au village, alors imagine ce qu'il nous ferait en confrontation directe. Non... Une nouvelle bouffée. Pour de telles créatures il faut un traitement bien particulier... le même qu'on a infligé à ceux de notre espèce pendant bien trop longtemps. La mort par le feu. Et son regard se perdit au loin, sur ce démon qui bondissait de cailloux en cailloux. 
Ce fut au tour de la cadette, qui réajustait son énorme chapeau de parler, incertaine. 
- Mais... vous êtes sures? Je ressens une aura si diabolique émanant de lui... les Esprits Vrais me disent de fuir! 
La benjamine venait de lui sauter au cou, agrippant sa sœur avec fermeté et cruauté.
- T'es tellement dégonflée que même la panse d'un mendiant est plus pleine que ta confiance! On est les sorcières des Monts du Baldor, on est grave puissantes. Point. Alors tu ranges tes esprits sortis d'on-ne-sait-où, et tu montre un peu les crocs. Comme avec ce gars. Comment qu'il s’appelait déjà? 
Toutes riaient bientôt aux éclats. Mais dans leur rire il y avait comme un soupçon de tension, cette même angoisse imperceptible qui se distille dans le corps de ceux qui partent à la chasse. La vengeance est après tout une traque bien plus sanguinaire que nulle autre. 


Styx continuait son manège, alternant les cailloux rouges et les cailloux noires de la route. Hop. Hop. Hop! Tadaaa! Héhé! 
Il s'amusait beaucoup, souriant de toutes ses dents, parce qu'en plus, non loin de lui il avait repéré un troupeau de rhinocéros! Styx adorait les rhinocéros! Ce sont un peu comme des licornes obèses! Alors, arrêtant de sauter de pierre en pierre, son corps perdit toute solidité et il glissa, de sa masse ondulante, jusqu'à ses proies qui broutaient paisiblement. 


Les trois sorcières observaient la scène tout en flottant à une raisonnable distance de cet étrange arlequin aux pouvoirs si... singuliers. En redressant ses lunettes la plus âgée analysa de façon succincte leur adversaire.
Son apparence est si trompeuse! Plus elle sonde les méandres de son énergie, plus elle en perçoit toute la noirceur. L'image qui lui vînt à l'esprit fut celle d'une sucette comme celles que l'on trouve dans certains cabinets de curiosité, destinés aux enfants. Ses pouvoirs étaient colorés, alléchants et assez innocents en surface. Mais ce n'était que pour mieux cacher un parfum à l'arsenic qui s'insinuait dans ses proies pour mieux les tuer, de l'intérieur, sans rien laisser d'autre qu'une carcasse vidée d'âme. 
Elle frissonna. Fallait-il vraiment le confronter? 


Le clown était désormais à quatre pattes, les yeux pétillants, crépitants! Comme des cendres ardentes! Il allait... Oh! 
Mais non! Il ne va bondir sur eux comme un vulgaire matou! Non, monsieur! 
Il se relève, s'éclaircit la voix, et sa magie opère instantanément. 


Les sorcières piquent, espérant bien tuer du premier coup cet être démoniaque. 


«- Écoutez! Mes amis! On va jouer à un jeu! Je fais un pas de danse, et vous me suivez, ainsi de suite! 
Les rhinocéros beuglèrent au début, mais très vite, ils furent sur leurs pattes arrières. 
Bougeant la patte gauche. 
Bougeant la patte droite. 
Pas sur le côté. Pas sur le côté, petit pas en avant. 
Demi-tour! 
L'un d'entre eux embrocha au passage une ombre qui tombait du ciel. 
Un autre écrasa un balais qui passa un peu trop prêt de son deuxième "pas sur le côté". 
Et enfin Styx envoya une carte sur la troisième qui avait eut la prétention de le charger directement. 
Maudites sorcières! 


Il se tourna vers les rhinocéros, tâchés de sang. 
- Merci! Merci! Maintenant, on charge son voisin sur la gauche! Un... deux... trois, on recommence. Encore... Les survivants, à vous... on s'éventre le bidou. Aller! Je donne le tempo avec mes mains. Hihihi! 

Il repartit en bondissant, satisfait et riant. 

Un coup en avant, un coup en arrière. Je virevolté dans tous les sens. C'est ça le rodéo. Le rodéo sauvage, a son état le plus brut. J'étais seul, monté sur le dos d'un rhinocéros laineux. Très confortable. Même alors que j'étais cahoté de tout les côtés. Las des efforts que je devais fournir pour rester sur le dos de l'animal, je lui tranchais la gorge. La bête s'effondra, et je faillie rester sous elle. Mais je me dégager rapidement, avant de récoltais ce que je pouvais. Ensuite, je partis en ville pour tout vendre, comme si de rien n'était.

Rapport de récolte :

Styx gagne 3 cornes de rhinocéros + 2 peaux cuirassés.

Commentaires sur le RP : Rien à redire !

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Rapport de récolte :

Kiloë gagne 2 cornes de rhinocéros + 2 peaux cuirassées et 5 points de métier.

Commentaires sur le RP : Rien à redire !

Nova attrapa le bras du vieil homme en se tenant le séant de l'autre, comme une crainte qu'il ne se démonte en 1000 morceaux. Elle le mit devant le fait. Dehors, devant la taverne, deux gros rhinocéros étaient raides morts. L'un d'eux était vraiment très robuste, environ 2mètres au garrot, pour un peu moins de 4m de long. Pour son poids, à vue d'oeil, on pouvait juger qu'il faisait dans les 3 tonnes. Un beau bébé. Sa tête était énooooorme, avec deux immenses cornes sur le bout de sa gueule. Et il ne devait pas avoir froid en cette saison pourtant réputée pour, car il portait sur tout son corps une épaisse fourrure brune. C'était des poils aussi longs que la barbe d'un nain, ou presque, épais, pas vraiment doux.
L'autre rhinocéros n'était pas de la même espèce. Sa peau n'était pas recouverte de poils, elle semblait épaisse, du gros cuir gris ou un peu brun. Elle n'était pas douce, sauf autour de sa bouche, c'était assez étrange. Sinon, elle était plutôt rapeuse, et Nova s'en approcha et frotta son pied couvert de boue au niveau du genou arrière gauche de l'animal, qui était allongé sur le flan. Plus elle frottait, plus la terre qui avait un peu séché s'enleva.

Efficace cette peau, j'en garderais bien un bout pour poncer des murs à l'occasion...
Il faut vraiment que tu me dises comment tu fais ça... visiblement, il y a quand même une centaine d'admirateurs autour de toi là...

Nova leva le nez et constata la présence de ces nombreuses personnes, mais elles ne regardaient pas vraiment Nova, mais plutôt les différents amas de bestioles mortes.

T'as vraiment rien compris ?
Ben, avec la pile de mensonges que tu viens de me raconter, j'avoue que non, mais je peux faire semblant si vraiment t'as envie, mais dès la semaine prochaine je retourne chasser avec toi pour que tu m'expliques comment tu fais tes tours de mariole !
Doucement papy... ça fait combien de temps que t'es pas sorti de la taverne, hein ? Tu es en mode hibernation ? Non parce que t'as du louper quelque chose quand même...

Mr. Croco regardait tout autour de lui avec un air interrogatif et soupira.

Non, non, j'vois pas.
Ah lala...

Nova approcha d'un poteau sur lequel une affichette était attachée. Elle l'a donna au vieillard.

Alors ?

Ah ben oui, j'comprends mieux...


J'ai ramassé une espèce que chaque, et le laineux, là, c'est le mien !

Rapport de récolte :

Nova gagne 2 corne de rhinocéros, 2 peaux cuirassées et 5 points de métier.

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Nova n'était pas dans son assiette ce jour là. Il pleuvait, il faisait froid (même pour l'orc au cuir solide !), la veille elle avait fait la rencontre de trois brigands à la con qui s'en était pris à elle alors qu'elle avait rien demandé et elle s'était faite dépouillé comme une grosse crotte. POUR UNE FOIS qu'elle n'avait pas ses armes sur elle (parce que bon, à force de visiter les villes en se faisant toiser comme si elle était une bête de foire, elle avait préféré montrer patte blanche. ET VLAN ! Les trois cons ! Ils avaient plaqué la Nova dans une ruelle d'Endorial, au sol, la tête à quelques centimètres d'une belle crotte de cheval et comme en plus elle était un peu ivre, elle avait pas réussi à se débattre dignement. Et puis ils lui ont volé toute sa thune. Donc voilà. Jour de chasse, pas de réelle motivation, si ce n'était qu'il fallait renflouer ses poches. Armes en main, elle était prête à taper du rhino, c'était toujours une grosse galère, mais avec un peu de stratégie et un bon coup derrière la tête, pas compliqué.

Elle avait alors grimpé dans un arbre, dans une zone assez riche en ces bestiaux, et avait exécuté son plan sans grande difficulté. L'animal était un jeune. Elle n'avait pas eu de peine, avec deux gars du coin qu'elle avait choppé pour l'aider, à transbahuter l'animal jusqu'à chez un marchand.

Perchés sur les hauteurs d'une colline, les deux stryges noirs observaient la vallée en contrebas d'un air grave. Saigo et Haru Kold, le maître et l'élève, l'Exécuteur confirmé et celui en devenir, avait un visuel sur leur cible du jour. Un rhinocéros laineux. Bête paisible de nature, ce quadrupède devenait réellement dangereux lorsqu'il s'énervait, et commençait à balancer ses cornes dans tous les sens. De ce point de vue, il n'était pas vraiment différent du sanglier. La principale différence résidait dans le pelage de ce gibier. Très épais, et couplé à une peau très dure également, il était très difficile de passer à travers, ce qui rendait toute blessure physique compliqué à infliger. Depuis que Saigo avait accepté la présence de Haru à ses côtés, ils s'étaient entraînés ensemble. Bien sûr, ils n'étaient pas devenus ami du jour au lendemain, mais il avait appris à se battre ensemble, dans l'optique de mener à bien leur mission du jour. Le plan était assez simple: une attaque venant des deux côtés, afin de prendre le rhinocéros en étau. Profitant de l'allonge de sa faux, Haru devait bouger en premier, pour détourner la proie vers les griffes et les dagues de Saigo.

Ça, c'était le plan initial. Car dans les faits, rien ne se déroula comme prévu. Après avoir laissé Haru prendre la direction de son point d'assaut, Saigo patienta. Les minutes s’égrenèrent, sans que l'assassin ne perçoive le signal d'attaque dont il avait convenu. Leur cible sortait de leur champ d'action, il fallait agir, et vite. Seul, le stryge noir décida de lancer l'assaut, et s'élança du haut de la colline, tout en déployant ses puissantes ailes. Il avait un nouveau plan. Tentant de se positionner correctement, il plana au-dessus de sa cible avec prudence. Puis soudainement, il se laissa choir sur son dos. Surpris, le rhinocéros laineux mugit et s'élança dans une course aussi rapide qu'inattendue. S'agrippant de toutes ses forces à l'épaisse laine de sa proie, l'Exécuteur luttait pour ne pas tomber. En l'état, il n'avait pas suffisamment d'équilibre pour porter le moindre coup. De plus, son regard scrutait les alentours, dans l'espoir de repérer son élève. Ce dernier reparu après plusieurs minutes, dans une position plus que précaire.

D'une manière ou d'une autre, Haru avait fait la rencontre d'un second rhinocéros laineux, beaucoup moins docile que celui qu'ils ciblaient. Saigo n'avait aucune idée de comment les choses s'étaient déroulées, mais ce qu'il voyait était assez impressionnant. Son disciple était littéralement empalé sur la corne de sa proie. Cette dernière s'était également mise à courir, probablement mise en alerte par les rugissements de son congénère, sans même prendre la peine de se débarrasser de ce poids encombrant. Le corps de Haru tressautait au rythme des pas de son inconfortable destrier, mais il respirait encore. Mieux, il avait toujours sa faux dans les mains. Toujours juché sur son rhinocéros, Saigo hurla: Gamin! Tape les yeux! ces paroles semblèrent faire effet sur le jeune stryge chauve. Faiblement il tourna la tête, et une petite lueur traversa son regard lorsqu'il aperçu son maître. Il acquiesça, imperceptiblement, et lutta pendant de longues secondes pour lever le bras. Il se concentrait plus que d'habitude, cela était facilement perceptible, et compréhensible. Il n'aurait pas de secondes chance. La faux s'abattit, et se ficha dans l'œil du rhinocéros qui rugit de plus belle. Par réflexe, il se mit à secouer la tête, ce qui ne fît qu'élargir la plaie, à tel point que la lame de Haru finit par trouver son chemin dans le deuxième œil du rhinocéros. Aveuglé, la bête finit par perdre l'équilibre, venant frapper le rhinocéros sur lequel Saigo se trouvait. Ce dernier faillit une nouvelle fois tomber, et au dernier moment, s'offrit une prise supplémentaire en plantant ses griffes dans le corps de la bête. Quelques secondes, et quelques mètres plus loin, la faux de Haru s'était suffisamment enfoncée dans le crâne du rhinocéros pour toucher son cerveau. L'instant d'après, la bête s'écrasait au sol, fauchant le second quadrupède au passage. Cette fois-ci, Saigo ne put rien faire, et tomba également. Mais il se releva plus vite, d'autant que son destrier était bien plus lourd. C'était sa chance. Saisissant ses deux dagues, il aveugla à son tour le second rhinocéros, avant de l'achever en s'enfonçant jusqu'au cerveau. Puis, épuisé, il tomba à la renverse.

Haru n'avait pas survécu à ses blessures. Un trou dans le ventre, couplé à une course de plusieurs centaines de mètres, ce n'était pas vraiment conseillé pour la santé. Mais grâce à lui, Saigo le chasseur avait récupéré le double de ressources. Cornes, laine, cuir... c'était les bras chargés de marchandise que l'Exécuteur repartait, seul, vers Kastalinn.


[ J'UTILISE MON BRACELET D'ABONDANCE ]

Nova prit la décision d'aller chasser les rhinocéros, c'était une étape qu'elle n'appréciait pas vraiment faire, non seulement parce que ces bestioles une fois une massue plantée dans l'oeil, le sang coulait abondamment, mais en plus parce que ce n'était pas des animaux vraiment super sociaux avec cette tendance à se laisser buter simplement. Donc, il fallait faire preuve d'une certaine ingéniosité, et l'orc n'était pas très opérationnelle depuis quelques jours. Mais là elle était venue accompagnée d'un p'tit gars qu'elle avait trouvé à quelques kilomètres et qui était parti de chez lui pour chasser un rhino et prouver ainsi à son père qu'il en avait les capacités.

J'ai une idée, on va faire le coup du piège à la con, en creusant un trou dans le sol, assez gros, on attire le machin et HOP !
Ok, mais tu as conscience de la taille du trou nécessaire du coup ?
Hum, en effet... ben sinon un trou comme une espèce de fente, au moins pour que quand le rhino passera il se coince une patte et puis on l'attaque ?
C'est déjà plus crédible, raisonnable et réalisable.

Nova et le jeune p'tit humain se mirent à creuser un trou, profond de 2m, mais pas bien large. L'orc avait des gros bras et ça n'avait pas prit plus de temps que pensé.
Elle envoya alors le gamin faire l'appât et il revint quelques minutes plus tard en hurlant, les bras en l'air, agités, et le rhino lui courait après. Et tout se déroula comme prévu, il se coinça les pieds dans le trou qui avait été préalablement recouvert de feuillage et les deux chasseurs l'achevèrent en lui tranchant la gorge.

Rapport de récolte :

Saigo gagne 4 peaux cuirassées, 4 cornes de rhinocéros, 10 points de métier et 2 os dorés

Tu perds un bracelet d'abondance

Commentaires sur le RP : Rien à redire ! Tu passes maître.

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Rapport de récolte :

Nova gagne 4 peaux cuirassées, 4 cornes de rhinocéros,

Commentaires sur le RP : Rien à redire !

Il y avait en les collines de Kastalinn, un paisible village, constitué d'une cinquantaine d'individus qui ne vivaient que de l'élevage de rhinocéros laineux. Le fils du berger, Âmuht, était de loin le plus doués de tous. D'un simple refrain il calmait les troupeaux, et d'un claquement de bâton, il guidait ce beau monde vers de nouvelles vertes prairies. Âmuht était un homme tout à fait charmant; solidement bâti, grand et amical, il coulait donc de jours paisibles en ce village qui semblait être un miroir de sa propre personnalité.

Les années filaient comme étoiles filantes, belles et lumineuses. Âmuht s'étaient très vite fait une réputation extraordinaire, et bientôt des gens de tout Dùralas accouraient pour acheter l'un de ses fameux rhinocéros! Que leur laine était chatoyante! Que leur corne était pure! Qu'avaient donc ces bêtes pour déplaire? Rien!
L'argent arriva tout aussi vite que les visiteurs, et le cœur du fils de berger demeura beau. Il ne se laisserait jamais corrompre par ce mal citadin et vain nommé argent! La moindre pièce le dégoutait, comme s'elle était un serpent prêt à dérouler ses anneaux pour mordre les âmes innocentes. L'argent était mal! Pensait-il, jeune.

Les décennies s'éternisaient, comme des fleurs aux mois de printemps. Prospère et vouées à un avenir radieux. Sans savoir qu'elles mourraient en hiver.
Âmuht s'était trouvé une femme magnifique, et avant sa 35ème année, il possédait une solide armée de marmots, le triple de rhinocéros, et milles fois plus de terrain. Mais sa femme passait avant tout cela, belle comme le jour, douce comme la nuit, rien ne lui était comparable. Salomé était son nom, un nom qui lui évoquait une ancienne légende, sans qu'il puisse toutefois décrypter les cris de sa mémoire, vacillante à l'approche de sa cinquantaine.
Car une fois cet âge atteint, il découvrit les plaisirs malsains que procurait la vue d'une jeune femme. Il se mit à mépriser sa femme, ignorer ses enfants,  à qui il se contentait d'offrir argent et gîte, sans ressentir le besoin de démontrer une once d'affection.

Mais un jour, voilà que Salomé le surprit en bien ignoble posture avec une fille de petite vertu. L'incident aurait pu être sans conséquences, si l'acte n'avait pas été perpétré dans leur lit conjugal. Leur lit. Dès ce moment, les yeux d'azur de sa femme se teintèrent d'un on-ne-sait-quoi un tantinet austère.

Cinq semaines passèrent, aussi vite qu'un ouragan déferlant sur les villes côtières.
Cinq semaines durant lesquelles Salomé invoqua nuit et jour autant d'esprits que de Démons oubliés, avec toute la dévotion à la vengeance qu'une femme sait faire preuve.
Cinq semaines durant lesquelles il ne se passa rien.
Jusqu'à ce qu'un soir, au beau milieu de la commémoration annuelle en l'honneur d'Âmuht et de ce qu'il apportait au village, un grossier personnage interrompe les festivités.

Il marchait en sautillant, souriant de milles dents, aussi acérées que celles d'un Teeban.
Il tenait dans ses mains une petite boîte à musique, d'où sortait un petit lui miniature.
Dansant, chantant.
Tous se retournèrent, leur centaine d'yeux rivés sur lui.
Le clown, au maquillage de pierrot, ne fit que poser la boîte au milieu de l'assemblée.
"Du calme les amis! Voilà mon présent pour Âmuht le Grand!! Âmuht le Puissant!"
Il partit, non sans un clin d'œil envers Salomé. Il disparut, mais le fantoche resta.
Dansant, chantant.

Lorsque les premières lueurs du soleil vinrent réchauffer l'atmosphère de la petite ville, tout était silencieux. Le beuglement des rhinocéros ne se fit pas entendre ce matin là, pas plus que les vendeurs matinaux scandant le bienfait de leurs produits. En réalité, plus aucun bruit ne se ferait entendre en ces rues, maudites par les prières obscures de Salomé. Celle-ci se tenait d'ailleurs sur un trône qu'elle venait de confectionner durant la célébration; un trône fait des os de feu son époux! Juste à côté d'elle, comme figé, un arlequin tenait un plateau d'argent sur lequel gisait la tête d'Âmuht le Grand, figée en une atroce grimace. Tandis qu'il se tenait immobile, Salomé, à l'aide de ses ongles, mâchaient crûment le cerveau de l'infidèle.
- Êtes-vous satisfaite, milady? Demanda l'être serviable d'une voix mielleuse.
- Parfaitement. Tu as fait un formidable travail; ces festivités sont les plus belles auxquelles il m'a été donné d'assister. Tous ces pouilleux: morts. Ce fils de catin: mort aussi. Je suis la plus heureuse des femmes, démon.
- Allons, je ne suis nul démon. Seulement un homme comme les autres. Un vendeur, plus précisément. Un vendeur de chaos.
- Et combien te dois-je?
- Disons deux carcasses de vos bêtes, celles qui auront été épargnées par les évènements d'hier. Tragique n'est-ce pas? "Un village rasé par sa source de revenus" en voilà un bon titre pour la Gazette.
- Regrettable. Prends ce que tu désire, rien n'a d'importance à mes yeux désormais.
- Bien, à la revoyure dans ce cas. Milady. Et en une courbette, il disparut à nouveau.

Penchant la tête sur le côté, Salomé repensa à ce qui s'était passé. Tout semblait si flou. La musique de la petite boîte avait joué, et puis... et puis elle était devenu horriblement forte. Oui! Atroce! Elle avait pénétré tous les esprits! Et ensuite...? Elle se repassa les images de la soirée, mais tout ce qui lui parvint furent des bribes sanglantes d'hommes abattant des rhinocéros, et vis versa.
Après tout, l'homme-diable avait peut-être raison. C'était les rhinocéros les coupables. Bien qu'il lui semblait l'avoir vu lors de la soirée. Quoique non...Elle avait confondu Âmuht et ce clown l'espace d'un instant. Et puis, telle une révélation, une vérité sinistre germa en sa tête. Elle avait vu tout le village arborer le visage du clown.

Styx rentra à dos de Catastrophe, qui enserrait dans ses griffes puissantes les deux cadavres de rhinocéros. Quelle femme cette Salomé!